- Certaines personnes pensent que la crème solaire peut provoquer des carences en vitamine D car elle bloque les UVB.
- Deux chercheurs britanniques qui ont passé au crible les études, assurent que le produit ne limite pas la production de la vitamine D.
- En effet, si elle bloque les UVB, elle en laisse passer suffisamment pour assurer la production.
Tim Spector, professeur d’épidémiologie génétique au King’s College London, a récemment été repris par plusieurs journaux britanniques en suggérant qu’il fallait ne pas utiliser de crèmes solaires indice 50, car elles pouvaient conduire à des carences en vitamine D. Deux de ses collègues, Karl Lawrence et Antony Young spécialistes en photobiologie et en dermatologie dans la même université, ont fait le point sur les recherches menées sur ce sujet pour répondre à ce propos, aussi relayé sur les réseaux sociaux.
Dans leur article paru dans The Conversation le 15 mai 2024, ils assurent que les données scientifiques sont claires : la crème solaire ne stoppe pas la production de vitamine D.
Crème solaire : "certains UVB peuvent encore atteindre la surface de la peau"
Santé des os, coagulation, contraction musculaire, régulation hormonale… La vitamine D est un élément clé du bon fonctionnement de l'organisme. La consommation de poissons gras, de produits laitiers, de jaune d’œuf ou de chocolat noir permet de couvrir une partie de nos besoins. Mais c’est surtout l’exposition à la lumière du soleil, et plus précisément aux UVB, qui assure notre apport journalier.
Les crèmes solaires agissant comme un filtre bloquant ces rayons, on pourrait s’attendre à ce que ces produits, mis au point pour éviter les coups de soleil et les cancers de la peau, affectent la synthèse de la vitamine D. Mais il n’en est rien.
La raison ? "Les crèmes solaires ne sont pas efficaces à 100 %, principalement parce que la plupart des gens ne les utilisent pas comme indiqué. Les gens n’appliquent généralement qu’environ un quart à un tiers de la quantité requise de crème solaire – et la plupart n’en réappliquent pas comme indiqué. Cela signifie que certains UVB peuvent encore atteindre la surface de la peau", expliquent Karl Lawrence et Antony Young de King’s College London.
Ils citent entre autres une étude de 2019 qu’ils ont réalisée à Tenerife. Quarante vacanciers ont appris à appliquer correctement un écran solaire SPF 15 pour protéger leur peau pendant leur semaine de congés en Espagne. Les résultats ont montré que la crème solaire les a protégés des coups de soleil. Par ailleurs, leur taux de vitamine D n’a pas été impacté négativement, il s’est même amélioré.
"Cela nous a montré que même lorsqu’un écran solaire était utilisé, une quantité suffisante de rayonnement UVB atteignait toujours la peau, permettant ainsi la production de vitamine D. Ces résultats concordent avec deux revues qui ont également examiné l'utilisation réelle d'un écran solaire et les niveaux de vitamine D", expliquent-ils. Interrogé par The Guardian, Antony Young a ajouté que par ailleurs "la dose de rayonnement UV B nécessaire à la production de vitamine D dans la peau est bien inférieure à celle provoquée par un coup de soleil".
Crème solaire : elle permet de prévenir les effets néfastes des UV
En passant au crible les études menées avec son collège, il a, en effet, remarqué des recherches indiquant que l'utilisation d'un écran solaire pouvait empêcher la synthèse de la vitamine D. Mais, ces dernières étaient expérimentales (c’est-à-dire dans des environnements contrôlés, et non en conditions d’utilisation normale). De plus, elles avaient recours à "des sources UV qui n'étaient pas représentatives du rayonnement UV solaire, ce qui peut limiter leur pertinence pour les conclusions du monde réel".
Les deux experts soulèvent un autre point : des travaux ont montré que la mélanine pouvait avoir un effet inhibiteur potentiellement faible sur la vitamine D. "Des études observationnelles ont constamment montré que les personnes à la peau foncée ont tendance à avoir des niveaux de vitamine D plus faibles que les personnes à la peau plus claire vivant sous des latitudes similaires. Cette disparité devient encore plus prononcée aux latitudes plus élevées, où les niveaux de rayonnement UVB sont plus faibles".
Or, la majorité des études ayant été réalisées avec des personnes à la peau claire, il faudrait réaliser des travaux pour vérifier s’il n’y a pas un effet avec les épidermes foncés, selon les chercheurs.
"Il est clairement nécessaire de mener davantage d’études incluant des personnes à la peau plus foncée et utilisant des écrans solaires à FPS plus élevés. Mais d’après les preuves dont nous disposons, l’utilisation typique d’un écran solaire n’inhibe pas la production de vitamine D. Il présente également l’avantage supplémentaire de prévenir les effets néfastes de l’exposition aux UV."