- En France, le taux de mortinatalité, de 3,8 % entre 2015 et 2020, est parmi les plus élevés d’Europe depuis vingt ans et ce, sans aucune amélioration.
- Avec un taux de 2,7 % de mortalité néonatale, la France est actuellement au 22ème rang sur 34 pays européens.
- 60 % des décès maternels sont jugés potentiellement évitables en raison de soins non optimaux.
"Alors que les moyens financiers consacrés à la politique de périnatalité augmentent (9,3 millions d’euros en 2021, soit une augmentation de 9 % par rapport à 2016) et que la natalité recule (avec une baisse 5,3 % sur la même période), les résultats observés sur le plan sanitaire posent la question de l’efficience des moyens alloués [à la politique de périnatalité]", indique la Cour des comptes dans un rapport publié début mai.
Une mortalité infantile trop élevée selon la Cour des comptes
En effet, l’instance pointe “une performance très médiocre de la France par rapport aux autres pays européens” concernant les trois principaux indicateurs de la santé périnatale : la mortinatalité, la mortalité néonatale et celle maternelle.
La mortinatalité désigne les enfants nés sans vie après 6 mois de grossesse. En France, le taux de mortinatalité, de 3,8 % entre 2015 et 2020, est parmi les plus élevés d’Europe depuis vingt ans, et ce, sans aucune amélioration.
La mortalité néonatale concerne le décès d’enfants âgés de moins de 28 jours, c’est-à-dire durant le premier mois de vie. La France est actuellement 22e sur 34 pays européens, avec un taux de 2,7 %.
"Si le taux de mortalité néonatale français avait été identique à celui des meilleurs pays européens, près de 40 % des décès enregistrés en France entre 2015 et 2017 auraient pu être évités, ce qui représente 2.079 enfants", peut-on lire dans la synthèse du rapport.
Pour la mortalité maternelle, la France est dans la moyenne des pays européens, avec environ 90 décès par an intervenant pendant la grossesse et jusqu’au 42e jour après la naissance. Le taux est ainsi de 8,5 morts pour 100.000 naissances.
"60 % des décès maternels sont néanmoins considérés comme potentiellement évitables, expliquent les auteurs. Dans les deux tiers des cas, ils sont intervenus après des soins non-optimaux, en raison notamment de dysfonctionnements dans le système de prise en charge et dans les parcours de soins périnatals."
Santé périnatale : différents facteurs expliquent ces résultats "médiocres"
La Cour des comptes explique ces mauvais résultats par différents facteurs : le surpoids, l’obésité, les prises de poids trop importantes - ou insuffisantes - pendant la grossesse, les consommations à risque (tabac, alcool, etc.) et l’âge tardif des grossesses. Celles après 35 ans représentent désormais près du quart des naissances en France et sont "associées à des risques accrus pour les mères comme pour les enfants, ainsi qu’à des complications obstétricales plus importantes." Les inégalités sociales et territoriales jouent aussi un rôle très important.
Le rapport pointe aussi l’offre de soins et notamment "une vingtaine de maternités [qui] déroge toujours au seuil minimal de 300 accouchements annuels, fixé en 1998 au regard d’exigences de qualité et de sécurité des soins."
La Cour des comptes plaide pour augmenter les mesures de prévention, mieux accompagner les parents en confortant notamment le programme d’accompagnement du retour à domicile.