Environ 40 % des personnes ayant souffert d’un accident vasculaire cérébral souffrent d’aphasie, une perte partielle ou complète de la capacité à s'exprimer ou comprendre le langage. Ce trouble persiste plus d’un an après l’attaque pour près de la moitié des patients.
Pour favoriser la récupération de la parole, il faut chanter. Des chercheurs de l’université d’Helsinki ont découvert que pousser la chansonnette répare le réseau structurel du langage endommagé lors de l’AVC. L'étude, récemment achevée, a été publiée dans la revue eNeuro.
Aphasie : le chant améliore les connexions du réseau linguistique
Dans des travaux parus en 2021, les scientifiques de l’établissement finlandais avaient démontré que chanter aidait les victimes d’AVC à retrouver l'usage de la parole. Mais ils n’avaient pu découvrir la raison de cet effet bénéfique. Cette nouvelle expérience, qui a suivi 54 patients aphasiques et dont la moitié d’entre eux participaient à une chorale, a permis de mieux comprendre le phénomène.
Vingt-huit participants ont passé un IRM au début et à la fin de l’étude. Ceux qui ont eu des cours de chant pendant quatre mois, présentaient une augmentation du volume de matière grise dans les régions linguistiques du lobe frontal gauche. Une amélioration de la connectivité neuronale – particulièrement dans le réseau linguistique de l’hémisphère gauche, mais aussi dans le droit – a également été observée.
"Ces changements positifs étaient associés à une meilleure production de la parole chez les patients", précise le chercheur Aleksi Sihvonen de l'Université d'Helsinki. "Pour la première fois, nos résultats démontrent que la rééducation des patients aphasiques par le chant est basée sur des changements de neuroplasticité, c'est-à-dire la plasticité du cerveau", ajoute l’auteur principal.
AVC et chant : une rééducation facile à mettre en place
Face à ces résultats positifs, le scientifique et son équipe estiment que le chant peut être un complément efficace au programme de rééducation conventionnelle. Il peut aussi, selon eux, servir d’activité rééducative pour des troubles légers de la parole dans les cas où l'accès à d'autres types de rééducation est limité.
Autre avantage pour les aphasiques qui sont susceptibles de souffrir d’isolement social en raison de leur trouble du langage : le chant est ludique, fédérateur et facile d’accès.
"Les patients peuvent également chanter avec les membres de leur famille, et le chant peut être organisé dans les unités de soins dans le cadre d'une réadaptation en groupe et rentable", explique Aleksi Sihvonen dans un communiqué.