Des chercheurs du Murdoch Children's Research Institute (MCRI ; Australie) ont mis en évidence qu’un tiers des enfants souffrant d’une allergie aux arachides parvenaient à la surmonter naturellement en grandissant. Par ailleurs, ils ont découvert que l’analyse des changements de taux d’anticorps au fil des années permet de prédire quels enfants étaient susceptibles de voir leur allergie résolue sans désensibilisation.
Leurs travaux ont fait l’objet d’un article dans le numéro de mai 2024 de la revue Allergy.
Allergie à l'arachide : les taux d’anticorps peuvent prédire sa disparition
L'étude a porté sur 156 nourrissons de Melbourne présentant une allergie à l'arachide confirmée. Ils ont été suivis à l'âge de quatre, six et 10 ans avec des questionnaires, des examens cutanés, des analyses de sang et des tests alimentaires. Un tiers de ces petits participants n’étaient plus allergiques à l'âge de 10 ans. Généralement, leurs réactions d'hypersensibilité avaient disparu entre 4 et 6 ans.
En utilisant les données recueillies, l’équipe a remarqué que des modifications dans les taux de deux anticorps qui répondent aux allergènes d’arachide (appelés sIgG 4 et sIgE), étaient détectées chez des enfants dont l’allergie avait naturellement disparu. "Les niveaux d'anticorps mesurés au moment du diagnostic ne permettaient pas de prédire qui allait surmonter son allergie à l'arachide, mais les changements de ces niveaux au fil du temps ont révélé qui était le plus susceptible de le faire", précisent les scientifiques dans le communiqué.
Ainsi, les jeunes patients qui affichaient des taux en baisse dans leur sang pour ces deux anticorps, étaient plus susceptibles de ne plus souffrir d’allergie aux arachides en grandissant. En revanche, les petits qui avaient un taux élevé ou croissant, avaient un risque accru d’être toujours allergiques à 10 ans.
"Avant cette recherche, on savait peu de choses sur la possibilité d'utiliser les anticorps comme biomarqueurs de la résolution naturelle de l'allergie à l'arachide au cours des années d'école primaire, explique Kayla Parker chercheuse au MCRI. Nous avons constaté que les changements longitudinaux étaient plus utiles pour prédire les enfants sur la voie de la résolution de l'allergie à l'arachide que de s'appuyer sur un seul instantané à un moment donné."
Allergie alimentaire : une découverte qui pourrait améliorer la prise en charge
Pour les chercheurs australiens, vérifier les taux d’anticorps dans le sang sur plusieurs années permettrait d’améliorer la prise en charge des jeunes patients souffrant de cette allergie alimentaire potentiellement très dangereuse.
"Les enfants allergiques à l'arachide dont les marqueurs d'anticorps diminuent pourraient bénéficier de visites supplémentaires avec leur allergologue pour déterminer le bon moment pour un suivi de l’alimentation afin de confirmer si leur allergie à l'arachide est résolue, explique Kayla Parker. Ceux qui présentent des niveaux élevés ou croissants de ces biomarqueurs sont moins susceptibles de surmonter spontanément leur allergie à l’arachide et pourraient être prioritaires pour d’éventuelles options de traitement précoce si elles sont disponibles."