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Cigarette électronique

Les anciens fumeurs qui vapotent auraient un risque plus élevé de cancer du poumon

Par Mégane Fleury

Remplacer le tabac par la cigarette électronique est associé à une augmentation du risque de cancer du poumon, quelle que soit la durée de l'arrêt. 

nd3000/istock
Les anciens fumeurs qui vapotent ont un risque accru de développer un cancer du poumon et d'en décéder.
Le constat est similaire quelle que soit la durée de l'arrêt.
Pour l'OMS, le vapotage ne doit pas être considéré comme un outil de sevrage.

Le tabac est responsable de huit cancers du poumon sur dix en France. Après cinq ans d’arrêt, le risque de cancer du poumon est presque divisé par deux. Mais qu’en est-il lorsque la cigarette électronique remplace les cigarettes ? Des chercheurs de différentes universités de Corée du Sud ont répondu à cette question, dans une étude présentée lors de la Conférence de l’American Thoracic Society 2024, à San Diego aux États-Unis. D’après leurs conclusions, les anciens fumeurs qui utilisent des cigarettes électroniques ou des appareils de vapotage pourraient courir un risque plus élevé de cancer du poumon que ceux qui ne vapotent pas. 

Cigarette électronique : une utilisation qui n’est pas sans risque 

"Il s'agit de la première étude à grande échelle basée sur une population démontrant le risque accru de cancer du poumon chez les utilisateurs de cigarettes électroniques après l'arrêt du tabac", prévient Yeon Wook Kim, professeur adjoint en médecine pulmonaire et en soins intensifs à l’hôpital Bundang de l'Université nationale de Séoul. Ces dernières années, l’utilisation des cigarettes électroniques a fortement augmenté, notamment chez les personnes désirant arrêter de fumer. Un communiqué de l’Organisation mondiale de la Santé rappelle que "les données indiquent que ces produits ne sont pas sans danger et sont nocifs pour la santé". "Il est cependant trop tôt pour avoir une idée précise des conséquences à long terme de l’utilisation de ces produits ou de l’exposition à ces produits, prévenait l'OMS. Si leurs effets à long terme sur la santé ne sont pas entièrement connus, nous savons toutefois que ces produits génèrent des substances toxiques, dont certaines sont à l’origine de cancers et d’autres augmentent le risque de troubles cardiaques ou pulmonaires."

Arrêt du tabac et vapotage : un risque accru de cancer du poumon 

Dans leurs travaux, les chercheurs sud-coréens ont travaillé sur les données médicales de plus de 4 millions de personnes, ayant des antécédents de tabagisme. Ils ont constaté que 53.354 personnes ont développé un cancer du poumon et que 6.351 en sont décédées. "Les ex-fumeurs de cigarettes qui avaient arrêté de fumer depuis cinq ans ou plus et utilisaient des cigarettes électroniques couraient un plus grand risque de décès lié au cancer du poumon que les ex-fumeurs qui avaient arrêté de fumer depuis cinq ans ou plus et n'avaient pas utilisé de cigarettes électroniques", observent-ils. Le constat était similaire chez les fumeurs ayant arrêté de fumer depuis moins de cinq ans et utilisateurs de cigarette électronique. Dans une seconde partie de l’étude, les scientifiques se sont intéressés uniquement à des patients âgés de 50 à 80 ans, et ils ont établi les mêmes conclusions. "Nos résultats indiquent que lors des interventions de sevrage tabagique pour réduire le risque de cancer du poumon, les méfaits potentiels de l'utilisation des cigarettes électroniques comme alternative au tabagisme doivent être pris en compte", conclut le Dr Kim.  

Arrêt du tabac : l'OMS déconseille la cigarette électronique 

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, la cigarette électronique ne doit pas être perçue comme un outil de sevrage. "Les données disponibles à ce jour sur l’utilisation d’inhalateurs électroniques de nicotine comme moyens d’aide au sevrage ne sont pas concluantes, indique-t-elle. Il n’est pas possible de déterminer clairement le potentiel des inhalateurs électroniques de nicotine en tant qu’aide au sevrage dans la population, en partie en raison de la diversité des produits et du faible degré de certitude de nombreuses études." Selon l’Organisation, les pouvoirs publics doivent "généraliser les politiques et les interventions dont l’efficacité est avérée", comme les conseils donnés par des professionnels de santé, les services d’aide téléphonique et les substituts nicotiniques.