ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Naissance prématurée : certaines bactéries de la flore vaginale augmentent les risques

Femmes enceintes

Naissance prématurée : certaines bactéries de la flore vaginale augmentent les risques

Par Stanislas Deve

La prolifération de bactéries du microbiome vaginal des femmes enceintes pourrait être le signe d’un risque accru de naissance prématurée, selon une étude.

BbenPhotographer / istock
Une étude rapporte une nouvelle preuve que la prolifération anormale des bactéries Gardnerella dans le microbiome vaginal des femmes enceintes, causée par un déséquilibre de la flore, était associée à des niveaux plus élevés de naissances prématurées.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont séquencé le microbiome vaginal de deux cohortes aléatoires de femmes enceintes et une cohorte de femmes ayant des antécédents de naissance prématurée. "Les preuves montrent que Gardnerella a une association avec les naissances prématurées, mais les détails de cette relation ne sont pas clairs."
Les chercheurs entendent poursuivre leurs recherches, qui pourraient "conduire à des moyens de prédire et d'éviter les naissances prématurées".

Gardnerella vaginalis est un groupe de bactéries anaérobies qui fait naturellement partie du microbiome vaginal. Une équipe de chercheurs vient d’apporter une nouvelle preuve que la prolifération anormale de ces micro-organismes, causée par un déséquilibre de la flore, était associée à des niveaux plus élevés de naissances prématurées. Leur étude, publiée dans la revue mSystems, ouvre la voie à de nouveaux moyens pour les prédire et les éviter.

Un lien entre une espèce de bactéries et le risque de naissance prématurée ?

"Les scientifiques n'ont commencé que récemment à examiner les espèces individuelles de Gardnerella, nous ne savons donc pas encore si différentes espèces pourraient avoir des effets spécifiques sur la santé. Notre objectif principal était donc d'explorer l'écologie de Gardnerella", peut-on lire dans un communiqué.

Pour ce faire, les chercheurs de la North Carolina State University, aux Etats-Unis, ont séquencé le microbiome vaginal de deux cohortes aléatoires de femmes enceintes et une cohorte de femmes ayant des antécédents de naissance prématurée. L’objectif, à partir des échantillons, était d’identifier les différentes espèces de Gardnerella, et de voir s'il existait une relation entre une espèce en particulier et le risque de naissance prématurée.

L’équipe a constaté que, dans la majorité des échantillons où Gardnerella était présente de manière anormale, plusieurs espèces coexistaient dans le même microbiome : de 2 à 14 des espèces connues de Gardnerella ont été trouvées dans des échantillons uniques. "Normalement, si une espèce de bactérie a colonisé un environnement, on s’attend à ce qu'elle exclue des parents proches qui occuperaient la même niche environnementale et consommeraient les mêmes ressources", explique le professeur Ben Callahan, qui a participé à l’étude. "Avec les bactéries, tout est possible, mais c'est encore inhabituel."

Analyser le microbiome vaginal pour prédire et éviter les naissances prématurées

"Les preuves continuent de montrer que Gardnerella a une association avec les naissances prématurées, mais les détails de cette relation ne sont pas clairs, ajoute-t-il. Dans ce travail, nous n'avons pas trouvé une seule espèce néfaste de Gardnerella : elles peuvent toutes être néfastes. C'est loin d'être la fin de l'histoire."

Les chercheurs espèrent à l’avenir explorer davantage les questions de coexistence des espèces et de composition du microbiome. "Le microbiome vaginal a été sous-étudié", selon Callahan. "Par exemple, il est souvent dominé par une espèce de Lactobacillus, créant un environnement qui exclut d'autres bactéries. Quand il n'est pas là, Gardnerella l'est. Alors, comment les bactéries interagissent-elles ? Répondre à ces questions pourrait conduire à des moyens de prédire et d'éviter les naissances prématurées."