L’huile de poisson est une source riche d’acides gras oméga 3 et, à ce titre, est souvent recommandée dans le cadre d’un régime alimentaire pour prévenir le développement de maladies cardiovasculaires, comme le confirment des études ici et là. Mais les résultats d’une vaste enquête, publiés dans la revue BMJ Medicine, suggèrent en parallèle que chez les personnes en bonne santé, la consommation régulière de cette huile pourrait en fait augmenter le risque de pathologie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Un tiers des participants disent consommer du poisson et de l’huile de poisson
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs de l’Université Sun Yat-Sen, en Chine, se sont appuyés sur les données de quelque 415.000 participants à l’étude UK Biobank, âgés de 40 à 69 ans, interrogés en 2006 et 2010 sur leur utilisation habituelle de poissons, gras et non gras, et de suppléments d’huile de poisson dans leur alimentation. Près d’un tiers des volontaires (31,5 %) ont déclaré en consommer régulièrement. Leur état de santé a été suivi jusqu'à la fin du mois de mars 2021, ou jusqu'au décès pour certains, soit une période moyenne de près de 12 ans.
Les chercheurs ont ainsi pu évaluer le rôle potentiel de la supplémentation en huile de poisson sur le risque de passage d’une bonne santé cardiaque (stade primaire) à une fibrillation auriculaire (secondaire), à des événements cardiovasculaires majeurs comme une crise cardiaque (tertiaire), et au décès toutes causes confondues (terminal). Au cours de l’étude, environ 18.000 personnes ont développé une fibrillation auriculaire, 22.000 ont eu une crise cardiaque, un AVC ou une insuffisance cardiaque, et 22.000 sont décédées (dont deux tiers sans fibrillation auriculaire ni maladie cardiovasculaire grave).
L’huile de poisson associée au risque cardiovasculaire chez les personnes en bonne santé
"L'utilisation régulière de suppléments d'huile de poisson a eu des rôles différents dans la santé cardiovasculaire, la progression de la maladie et le décès", peut-on lire dans un communiqué. Chez les participants qui avaient une maladie cardiovasculaire au début de la période de suivi, elle était associée à un risque inférieur de 15 % de progression de la fibrillation auriculaire à une crise cardiaque, et à un risque inférieur de 9 % de passage de l'insuffisance cardiaque au décès. En revanche, chez les personnes qui n'avaient pas de maladie cardiovasculaire préexistante, les risques de développer une fibrillation auriculaire et de subir un AVC bondissaient respectivement de 13 % et de 5 %.
A noter également que "l’âge, le sexe, le tabagisme, l'hypertension artérielle et l'utilisation de statines et de médicaments hypotenseurs ont modifié les associations observées", un peu plus fortes parmi les femmes et les non-fumeurs.
"Comme il s'agit d'une étude observationnelle, aucune conclusion ne peut en être tirée sur les causes [de ces associations], admettent les chercheurs. Aucune information potentiellement influente n'était disponible sur la dose ou la formule des suppléments d'huile de poisson. [...] D'autres études sont nécessaires pour déterminer les mécanismes précis du développement et du pronostic des événements de maladies cardiovasculaires en lien avec cette supplémentation."