Dans le cadre du cancer du sein de stade 4, c’est-à-dire un cancer métastatique, un traitement sur le long terme est nécessaire pour prolonger la vie du malade. Parmi les effets secondaires, on retrouve une prise de poids qui peut être importante, ce qui est problématique car l’obésité, et ses facteurs de risque cardiométaboliques et hormonaux, sont eux-mêmes associés à un moins bon pronostic. “Ces patients sont généralement exclus des études sur l’alimentation, mais avec l’augmentation du nombre de survivants, cela représente une opportunité de connaître l’impact [d’un régime alimentaire à base de plantes] à la fois à court et à long terme”, a déclaré le directeur de la recherche Pr Thomas M. Campbell, professeur adjoint de médecine familiale à la faculté de médecine de l’université de Rochester aux États-Unis et expert dans l’utilisation des régimes à base de plantes pour améliorer sa santé. Fort de ce constat, et en collaboration avec d’autres chercheurs, le Pr Campbell a donc mené un nouvel essai clinique pour étudier les effets d’un régime vegan sain sur ces femmes. Les résultats de cette étude, considérée comme la première du genre, ont été publiés dans la revue Breast Cancer Research and Treatment en mars dernier.
Une perte de poids de 0,5 à 1 kg par semaine avec le régime vegan
Pour mener à bien cette étude, les scientifiques ont recruté 32 volontaires atteintes d’un cancer du sein de stade 4. Parmi elles, 30 ont terminé l’essai : 20 femmes ont suivi un régime alimentaire sain à base de plantes et 10 ont été mises dans un groupe témoin qui a suivi un régime alimentaire classique. Le régime à base de plantes comprenait uniquement des fruits, des légumes, des céréales complètes, des légumineuses, des noix et graines, et excluait tout produit d’origine animale (viande, œufs, produits laitiers) et toute huile ou graisse solide ajoutée, sans restriction calorique. Ces participantes prenaient également une multivitamine quotidienne. Au début de l’essai, les 30 participantes avaient un IMC moyen de 29,7 ; soit la limite de l’obésité.
Résultats ? Après huit semaines, et par rapport au groupe témoin qui n’a rien montré de significatif, le poids moyen des participantes ayant suivi le régime vegan a diminué de 6,6 %, faisant passer l’IMC moyen de 29,7 à 27,8, ce qui correspond à une perte de poids de 0,5 à 1 kg par semaine. Leur taux de cholestérol moyen a également diminué de 17,7 % et celui de cholestérol LDL moyen a baissé de 21,4 % pour atteindre 82,2 mg/dL.
La pression artérielle, qui était optimale dans les deux groupes, a eu tendance à baisser légèrement dans ce groupe d’intervention. La résistance à l’insuline a également diminué pour ces femmes.
Un régime à base de plantes peut-il arrêter la progression d’un cancer ?
Autre résultat encourageant : les chercheurs ont constaté une diminution de l’inflammation globale de l’organisme et une réduction d’IGF-1 dans les échantillons de sang, un facteur de croissance associé à de nombreux cancers courants. “Bien que nous ne puissions pas encore dire si le régime alimentaire peut arrêter la progression du cancer à partir de cette petite étude, nous avons vu des résultats préliminaires qui suggèrent des changements favorables au sein du corps, ce qui est très positif”, a déclaré le Pr Campbell.
Pour mieux comprendre les effets potentiellement bénéfiques d’un tel régime sur le ralentissement de la croissance des tumeurs, l’équipe collabore maintenant avec un autre spécialiste, le Pr Isaac Harris. Ce dernier étudie les effets du taux d’acides aminés présents dans le sang et la survie des cellules cancéreuses (qui dépendent beaucoup de ces molécules), ainsi que leurs effets sur l’efficacité des médicaments anticancéreux. Affaire à suivre…
L’équipe Pourquoi docteur rappelle que les personnes atteintes d’un cancer doivent d’abord discuter avec leur oncologue ou médecin référent pour tout changement alimentaire majeur.