Avec la crise financière, l’air de Grèce est devenu plus pollué. Une association qui paraît absurde, mais bel et bien réelle. Selon une étude, parue ce 19 décembre dans Environmental Science & Technology, la pollution atmosphérique a augmenté depuis que les Grecs se chauffent au bois.
Une solution économique
On connaît les effets économiques et sociaux d’une crise sur les habitants. Mais on omet souvent son impact sur l’environnement. La situation actuelle de la Grèce nous le rappelle. Le taux de chômage est passé à 27% en 2013. En parallèle, les tarifs du gaz de chauffage et du fuel n’ont cessé d’augmenter. Depuis le début de la crise financière, en 2009, ils auraient presque triplé selon l’étude. « Le problème est que les difficultés économiques ont forcé les résidents à brûler des combustibles de mauvaise qualité, comme le bois ou les déchets, ce qui pollue l’air, » explique l’auteur principal de l’étude, Constantinos Sioutas. Le bois n’est pas cher, ce qui explique que tant de Grecs se tournent vers cette solution de chauffage pour l’hiver. Mais son rôle dans la pollution atmosphérique n'est pas négligeable.
Cinq fois plus de composés organiques
La qualité de l’air s’est considérablement dégradée en Grèce depuis 2009. Les chercheurs ont relevé des échantillons d’air sur une période de 2 mois pendant les hivers 2012 et 2013. Plusieurs éléments sont ressortis de leur analyse. Les particules fines (2,5 microns de diamètre) ont augmenté de 30% entre ces deux périodes, bien au-dessus du seuil recommandé par l’Agence de protection de l’environnement (EPA) américaine. Or, un niveau élevé de particules fines accroît le risque de maladie cardiaque et de troubles respiratoires. Ces particules peuvent en effet atteindre les tissus les plus profonds des poumons grâce à leur petite taille. En moyenne, a relevé l’étude, le pic de concentration se situait le soir, au moment où le plus de personnes chauffent leur logement.
Les composés organiques cancérigènes ne sont pas en reste. L’analyse des échantillons d’air a révélé la présence de cinq fois plus d’hydrocarbones aromatiques polycycliques (HAP) entre 2012 et 2013. Ils sont émis lors de la combustion du bois. D’autres composés, comme le lévoglucosane, le mannose et le galactose, ont doublé, voire quintuplé. La présence de ces éléments indique que de la biomasse (bois ou déchet) a été brûlée.
Pour limiter les effets néfastes de la combustion du bois, les auteurs de l’étude demandent aux autorités publiques et aux agences locales de mettre en place des stratégies de contrôle, notamment en diffusant l’usage du gaz naturel et des poëles à bois catalysés. Cette fois, la question ne concerne pas uniquement les pays en crise. En France, où les deux tiers de la population a recours au chauffage au bois, 50% des appareils devraient être remplacés.