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Histoire de la médecine

Cancer : un crâne égyptien vieux de 4.000 ans révèle des tentatives de traitement

Un crâne vieux de 4.000 ans laisse penser que les anciens Égyptiens essayaient de traiter le cancer.

Cancer : un crâne égyptien vieux de 4.000 ans révèle des tentatives de traitement Tondini, Isidro, Camarós, 2024.




L'ESSENTIEL
  • Des coupures sur un crâne vieux de 4.000 ans pourraient indiquer que les anciens Égyptiens ont tenté de traiter un cancer.
  • Les stries étaient autour de lésions métastasées petites et rondes dispersées sur le crâne.
  • Les chercheurs avancent qu'elles ont été probablement faites avec un instrument métallique pointu.

"Nous voulions en savoir plus sur le rôle du cancer dans le passé, sur la prévalence de cette maladie dans l'Antiquité et sur la manière dont les sociétés anciennes interagissaient avec cette pathologie", explique Tatiana Tondini, chercheuse à l'Université de Tübingen et première auteure de l'étude publiée dans Frontiers in Medicine.

Pour cela, son équipe a étudié deux crânes de l’ancienne Égypte. Elle a alors découvert que les médecins de l’époque avaient tenté de soigner un patient cancéreux ou d’en apprendre davantage sur sa maladie.

Les anciens Égyptiens essaient de soigner le cancer

Pour comprendre les connaissances des anciens Égyptiens sur le cancer, les chercheurs ont examiné au microscope deux crânes de cette époque qui étaient conservés à l'Université de Cambridge. Le premier, datant d'entre 2687 et 2345 avant notre ère, appartenait à un homme âgé de 30 à 35 ans. Le second provenait d'entre 663 et 343 avant notre ère et était celui d’une femme de plus de 50 ans.

Sur celui de l’homme, l’équipe a remarqué la présence d’une lésion compatible avec une destruction excessive des tissus, correspondant à une tumeur cancéreuse. De plus, il y avait aussi une trentaine de lésions métastasées petites et rondes dispersées. Autour de ces dernières, les scientifiques ont découvert des stries provenant, semble-t-il, d’un objet pointu et métallique.

"Il semble que les anciens Égyptiens pratiquaient une sorte d'intervention chirurgicale liée à la présence de cellules cancéreuses, prouvant que la médecine égyptienne antique menait également des traitements expérimentaux ou des explorations médicales en relation avec le cancer", révèle le co-auteur, le professeur Albert Isidro, chirurgien oncologue à l'hôpital universitaire Sagrat Cor, spécialisé en égyptologie.

Le cancer était bien présent dans l’Antiquité

Le crâne féminin présentait pour sa part une grosse lésion compatible avec une tumeur cancéreuse ayant entraîné une destruction osseuse. "Cela peut indiquer que même si le mode de vie actuel, le vieillissement des personnes et les substances cancérigènes présentes dans l'environnement augmentent le risque de cancer, le cancer était aussi une pathologie courante dans le passé", précisent les auteurs dans un communiqué.

Les auteurs ont par ailleurs repéré deux lésions cicatrisées à la suite de blessures traumatiques faites par une arme tranchante. Pour eux, elles montreraient que la patiente a potentiellement reçu un traitement lui ayant permis de survivre. Si ces marques n’avaient pas de lien avec le cancer a priori (contrairement à la première), elles pourraient conduire à revoir certaines connaissances sur la société égyptienne. "Cette femme, était-elle impliquée dans des activités de guerre ? s’interroge Tatiana Tondini. Si tel est le cas, nous devons repenser le rôle des femmes dans le passé et la manière dont elles ont participé activement aux conflits de l’Antiquité."

L’équipe précise qu’il est difficile d'émettre des conclusions définitives, car les restes sont souvent incomplets et qu’elle n’a pas les antécédents cliniques de ces patients. Toutefois, leurs découvertes apportent des pistes de travail.

"Cette étude contribue à un changement de perspective et établit une base encourageante pour les recherches futures dans le domaine de la paléo-oncologie, mais d'autres études seront nécessaires pour comprendre comment les sociétés anciennes traitaient du cancer", conclut Edgard Camarós, paléopathologiste à l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle.

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