« Si on regarde les dernières publications de l’INSEE il y a environ 35 millions de femmes dans la population française et 1 femme sur 5 est concernée par les problématiques de règles abondantes », commence par détailler le Dr David Hamid.
« Les règles abondantes sont appelées ménorragies, ce sont des saignements importants qui démarrent avec le cycle et qui s’arrêtent après. Ce sont des problématiques qui se véhiculent de génération en génération comme étant une situation normale de la féminité. »
En réalité, ce n’est pas si physiologique de saigner « autant » durant ses règles, parfois même au point d’en être anémiée. Un marqueur très commun à toutes les femmes ou jeunes femmes : le changement de protection hygiénique très régulier, une fois par heure.
« Ce sont des conséquences qui ne sont pas négligeables ! »
« Les conséquences des règles abondantes, au-delà de la gêne, ce sont les réelles conséquences médicales en termes de fatigue avec une anémie chronique liée au manque de fer. Ce sont des conséquences qui ne sont pas négligeables : conséquences cardiovasculaires, conséquences socio-familiales avec l’anxiété de voir le débordement (absence au sport, au travail, à l’école…), conséquences sur la vie affective parce qu’effectivement lorsque vous saignez de manière importante il est difficile de se projeter dans une relation qui touche votre intimité... L’impact professionnel est au goût du jour aussi puisqu’on a parlé de congés menstruels très récemment et effectivement cela va même toucher l’agenda professionnel : des personnes refusent certains déplacements, certaines prises de parole ou des réunions quand elles savent qu’elles vont avoir leurs règles et que cela risque d’être la catastrophe. Cela génère des absences itératives qui peuvent amener à des problèmes d’intégration au sein d’une activité professionnelle. »
Le score d’Higam, un outil à connaître en cas de règles abondantes (ou de doute)
L’abondance des menstruations, tout aussi normalisée que la douleur durant le cycle menstruel, reste une chose assez abstraite, difficile à évaluer et à quantifier. « Comment faire en sorte qu’une femme se pose la question elle-même : est-ce que j’ai des règles abondantes ? Est-ce que mes règles nécessitent d’aller voir un professionnel de santé pour trouver une solution ? »
Le score d’Higam, permet de calculer l’abondance des menstrues. C’est à remplir soi-même, les médecins l’utilisent également « volontiers dans les études lorsqu’on veut vérifier l’efficacité des traitements qu’on propose. »
Le tiercé gagnant : l’interrogatoire, la prise de sang et l’échographie pelvienne
En première intention, c’est l’interrogatoire qui va permettre d’évaluer la fréquence, ensuite la prise de sang qui va permettre de mettre en lumière les conséquences, notamment hématologiques, telles que l’anémie chronique par exemple.
L’échographie pelvienne va venir « prolonger l’examen clinique » et détecter « l’éventuelle présence d’une anomalie au niveau de l’utérus qui pourrait expliquer l’abondance des règles ou au contraire l’absence d’anomalie, c'est-à-dire des saignements de nature plutôt fonctionnelle. »
Une cause organique, une cause fonctionnelle
L’explication de cette abondance cyclique peut être de deux ordres. Soit organique et il s’agira de fibromes, de polypes utérins ou d’adénomyose (appelée aussi endométriose interne à l’utérus). Soit fonctionnelle, donc sans anomalies de la paroi utérine, mais plutôt à cause d'un déséquilibre hormonal ou des anomalies de la coagulation.
« L’hystéroscopie diagnostic est alors utilisée pour voir la muqueuse et détecter les pathologies qui ont une répercussion à l’intérieur de la cavité utérine, c’est un examen pré-thérapeutique important quand on a besoin de préciser s’il s’agit d’un polype ou d’un fibrome. »
C’est, parfois, la révélation de quelque chose de plus installé comme le SOPK, lorsqu’un surpoids ou une obésité y est associée.
« Il y a des solutions pour faire en sorte que cela ne soit plus considéré comme un héritage familial ou une normalité. »
« Les traitements médicaux qui vont être de l’ordre de l’hormonothérapie, qu’on va appeler ‘pilule’, ont pour but de réduire la taille de l’endomètre et de bloquer le cycle. Les pilules et leurs équivalents : anneaux vaginaux, implants, patchs… ont pour mission de jouer sur la muqueuse endométriale. Les analogues de l’AH-RH se présentent sous forme d’une injection qui permet de mettre au repos l’axe comprenant les ovaires, l’utérus et l’hypophyse. C’est un traitement transitoire. » À privilégier pour les jeunes femmes qui ont des règles jeunes afin d’éviter de perdre des capacités de croissance.
Les anti-fibrinolitiques vont, eux, accélérer la coagulation du sang. « Cela évite le traitement hormonal lorsqu’il n’est pas souhaité. Ils sont associés à des anti-inflammatoires non-stéroïdiens parce qu’il y a un phénomène inflammatoire lors des saignements », ou de manière préventive pendant une crise, lorsque cela saigne trop.
« Il y a des solutions pour faire en sorte que ça ne soit plus considéré comme un héritage familial ou une normalité », conclut le gynécologue strasbourgeois.
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