Ils permettraient de lutter contre les addictions, la dépression, le diabète et même la perte d’appétit sexuel : les vertus santé des psychédéliques, comme la psilocybine des champignons magiques ou le LSD, sont de plus en plus documentées.
Une équipe de chercheurs en sciences sociales et en psychologie suggère que les substances psychédéliques pourraient même aider les personnes qui souffrent de bégaiement, un trouble de la fluidité de la parole qui touche environ 600.000 personnes en France, aussi bien des enfants que des adultes.
Quel impact des psychédéliques sur le bégaiement et la parole ?
"Compte tenu des effets positifs des psychédéliques sur des conditions telles que l'anxiété et les troubles du stress post-traumatique (TSPT), qui ont des symptômes communs avec le bégaiement, nous pensons que l'impact potentiel de ces substances sur le bégaiement peut être un domaine d’étude fructueux", expliquent les chercheurs de la New York University Steinhardt School of Culture, Education, and Human Development dans un communiqué.
Dans le cadre de leurs travaux, parus dans le Journal of Fluency Disorders, les scientifiques ont analysé, sur le réseau social Reddit, un total de 114 messages publiés entre 2012 et 2022 par 104 utilisateurs distincts, incluant des mots-clés en lien avec le bégaiement et la parole, ainsi qu’avec des psychédéliques. Ils ont principalement examiné l’utilisation par les internautes de la psilocybine et du LSD, en excluant les amphétamines (ecstasy, MDMA) et la DMT, qui peuvent aussi avoir des effets psychédéliques.
Les chercheurs ont ensuite classé les messages dans des sous-catégories basées sur les effets de la substance sur 1/le comportement (habitudes de vie), 2/les émotions (état altéré, sentiments), 3/la cognition (esprit, flexibilité cognitive), 4/les croyances (considérations métaphysiques, suggestibilité) et enfin 5/la sociabilité (connexion avec les autres, empathie).
Moins de bégaiement et d’anxiété chez la moitié des utilisateurs de psychédéliques
Résultat, une majorité d'utilisateurs (74 %) ont signalé des effets globaux positifs, en particulier liés à des changements comportementaux et émotionnels, comme par exemple une réduction du bégaiement et de l'anxiété. Des expériences négatives (9,6 %), mixtes (positives et négatives, 4,8 %) et neutres dans l'ensemble (11,6 %) ont également été rapportées.
Globalement, la moitié des utilisateurs indiquaient que la prise de psychédéliques avait permis de diminuer leur bégaiement. L'un d’eux explique notamment que "la psilocybine a été un facteur clé pour non seulement augmenter ma fluidité de parole en tant que locuteur, mais également pour mieux comprendre qui j’étais en tant que personne [et] l'objectif à travers lequel je vois la vie".
"La prudence doit être de mise, compte tenu du cadre de recherche incontrôlé et des potentiels effets indésirables des psychédéliques sur la santé, mais nos résultats soutiennent la possibilité que les psychédéliques puissent avoir un impact positif sur le bégaiement", concluent les scientifiques, qui prévoient d’approfondir leurs recherches avec des essais cliniques contrôlés et randomisés.