Près de 19 % des suicides et 36 % des homicides ont lieu la nuit, selon une étude publiée dans la revue The Journal of Clinical Psychiatry. "Un sommeil perturbé peut gravement altérer la pensée rationnelle, ce qui peut conduire à des comportements impulsifs chez les personnes vulnérables", explique Andrew Tubbs, l’un des auteurs, dans un communiqué.
Des risques de suicide cinq fois plus élevés la nuit
Les chercheurs du département de psychiatrie du Collège de médecine de l'Université de l'Arizona à Tucson, aux États-Unis, mettent en avant plusieurs facteurs pour expliquer ces chiffres, notamment l’âge, la consommation d'alcool et les conflits relationnels.
"Notre analyse de quinze années de données aux États-Unis a montré qu'il existe un risque cinq fois plus élevé de suicide et huit fois plus élevé d'homicide entre deux et trois heures du matin, en tenant compte du nombre de personnes éveillées et capables de suicide ou d'homicide", poursuit Andrew Tubbs. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont étudié les données, recueillies sur quinze ans, de plus de 78.000 suicides et 50.000 homicides.
D'après les chercheurs, se réveiller la nuit détériore les fonctions complexes de la prise de décision du cerveau et réduit la pensée rationnelle au bénéfice de l'humeur négative qui est à son apogée. L'humeur positive, elle, est au plus bas et l’analyse de la balance risque/récompense est déformée.
Déterminer les personnes prédisposées et améliorer leur sommeil
"Peu d'études ont examiné les tendances des crimes violents selon l'heure de la journée, indique Andrew Tubbs. De futurs travaux pourraient mieux analyser ce qu’il se passe dans le cerveau pour identifier les gens prédisposés à ce genre de risques et voir si des stratégies pour améliorer le sommeil et réduire l'éveil nocturne peuvent aider à réduire les risques et à prévenir ces conséquences tragiques."
Les chercheurs ont déterminé des populations plus à risque que les autres. Il s’agit des adolescents, des jeunes adultes, des personnes qui ont consommé beaucoup d’alcool et de celles en conflit avec leurs partenaires. Les 15-24 ans présentaient un risque de suicide nocturne trois fois plus élevé. Le risque d'homicide, lui, ne variait pas en fonction de l'âge.
Les chercheurs n'ont en revanche pas trouvé d’association entre la consommation de cannabis ou la dépression et ces risques.
En cas de troubles du sommeil, le mieux est d’en parler à un médecin généraliste qui pourra vous indiquer la meilleure prise en charge possible.