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Cancer

Chimiothérapie : les plumes de poulet pourraient aider à mieux la supporter

Par Sophie Raffin

Une nouvelle étude montre qu’un acide aminé présent dans les plumes et les tissus cutanés des poulets pourrait aider à limiter les effets secondaires de la chimiothérapie.

Remigiusz Gora/istock
Un acide aminé présent dans les plumes de poulet pourrait être la clé pour limiter les effets secondaires de la chimiothérapie.
Les chercheurs ont créé avec, une cage capable de transporter le médicament vers la tumeur.
L'acide aminé pourrait aider aussi à réparer les enzymes défectueuses.

Si la chimiothérapie attaque et détruit les cellules cancéreuses, le traitement a de nombreux effets secondaires. Les plumes et les tissus cutanés des poulets pourraient aider à les limiter, selon des travaux de chercheurs du King’s College London publiés dans la revue Chem le 29 mai 2024.

Cancer : une cage à médicament créée avec un acide aminé

Les chercheurs ont mis au point une nouvelle méthode d’administration pour les médicaments de la chimiothérapie. Elle s’appuie sur un acide aminé présent dans la plume des poulets : la proline. Avec cette molécule qui entre dans la composition des protéines, l’équipe est parvenue à construire une “cage” de taille nanométrique. Cette dernière peut contenir le traitement anti-cancer et le transporter dans l’organisme jusqu’à la tumeur maligne. Ce ciblage plus précis permettrait de protéger les cellules saines et de réduire les effets nocifs du traitement, selon les auteurs.

Des cages permettant l’administration d’un médicament avaient déjà été créées. Toutefois, elles étaient à base de molécules d'hydrocarbures présentes dans le goudron. Or, elles sont susceptibles d'être toxiques pour l'Homme. La proline offre un avantage de taille face à elles : elle est soluble dans l'eau."Ce qui la rend particulièrement adaptée à l'administration de médicaments, car l'eau représente environ 60 % du corps humain", précisent les scientifiques dans leur communiqué.

Ils avancent également qu’en liant ce peptide à de petites quantités de métal comme le palladium, la taille de la “structure” est réglable. Elle pourrait ainsi s’adapter aux médicaments de chimiothérapie, mais aussi potentiellement à des antibiotiques et des antiviraux.

La proline des plumes pourrait aussi aider à réparer les enzymes

Pour les chercheurs qui ont travaillé sur l’étude, cette structure à base de proline pourrait aussi permettre le remplacement d’enzymes défectueuses dans le corps. "Historiquement, les enzymes, qui sont composées de protéines et remplissent des fonctions importantes dans l’organisme, ne pouvaient voir leurs activités bloquées que par des médicaments. Le blocage de cette fonctionnalité aurait alors un impact dans l’organisme, comme réduire l’inflammation. Désormais, les cages pourraient remplacer cette fonction, ce qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle forme de traitement", notent-ils dans leur communiqué.

Dr Charlie McTernan, auteur principal, ajoute "ce que nous avons créé est essentiellement un sachet de thé moléculaire biologiquement compatible. Nous pouvons remplir ce “sachet de thé” fabriqué à partir de proline et de collagène largement disponibles, avec plusieurs médicaments différents et les administrer de manière beaucoup plus ciblée qu’auparavant".

Ils espèrent que cette découverte aidera à limiter la chute des cheveux, les nausées et autres effets secondaires désagréables de la chimiothérapie et permettre "de réparer les enzymes défectueuses qui ont une influence sur le développement du cancer".