"Il est établi depuis longtemps que les personnes qui ont un excès de poids au cours de leur vie ont un plus grand risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral. Ce que l'on ne savait pas, c'était à quel point le nombre d’années vécues en surpoids était important."
Y a-t-il un seuil fatidique à partir duquel l’obésité nous fait forcément courir un risque ? D’après une nouvelle étude présentée la semaine dernière lors du congrès ENDO 2024, la réunion annuelle de l’Endocrine Society organisée à Boston, aux Etats-Unis, les personnes de moins de 50 ans ont un plus grand risque de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral (AVC) si elles vivent en situation d’obésité depuis au moins dix ans.
Quel est l'impact du poids sur le risque cardiovasculaire ?
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs du Brigham & Women's Hospital et de la Harvard Medical School de Boston ont examiné les données de patients qui avaient eu un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 kg/m2 au moins une fois sur une période de dix ans (1990-1999), afin de déterminer si leur poids a eu un impact sur leur risque d’infarctus du myocarde ou d’AVC au cours des décennies suivantes (2000-2020).
Au total, les profils de quelque 110.000 femmes et 27.000 hommes ont ainsi été analysés, avec un âge moyen de 48,6 ans et un IMC de 27,2 kg/m2 en 1990. Parmi ces patients, 6.862 étaient atteints d’une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse, 3.587 souffraient d’un diabète de type 2 et 65.101 avaient des antécédents de tabagisme. Lors du suivi en 2020, les données ont révélé un total de 12.048 événements cardiovasculaires.
Si l’obésité est traitée tôt, ses complications peuvent être évitées
"Nous avons constaté que chez les femmes de moins de 50 ans et les hommes de moins de 65 ans, l'obésité sur une période de dix ans était associée à une augmentation de 25 à 60 % du risque de crise cardiaque et d’AVC", explique Alexander Turchin, auteur principal de l’étude, dans un communiqué.
Toutefois, l'obésité chez les femmes de plus de 50 ans et les hommes de plus de 65 ans n'était pas associée à un risque accru de ces deux pathologies. C’est la preuve, selon les chercheurs, que "plus tôt la personne en surpoids est traitée, moins elle court de risque". "L’obésité, à un moment donné de la vie, ne scelle pas le destin de la personne. Si l'obésité est traitée en temps opportun, ses complications peuvent être évitées", conclut Alexander Turchin.