Le trafic aérien ne serait pas uniquement désagréable pour nos oreilles. Une étude de la Boston University School of Public Health montre que les personnes exposées aux bruits des avions sont plus susceptibles d'avoir un indice de masse corporelle (IMC) élevé. Si cet indicateur est supérieur à 30, il est marqueur d’obésité et un facteur de risque d’hypertension, de diabète, de crise cardiaque ou encore d’AVC.
L’étude a été publiée dans la revue Environment International.
Avion : plus le bruit est élevé, plus l’IMC grimpe
Pour vérifier l’impact de l’activité aérienne sur la santé, l'équipe américaine a examiné les niveaux de bruit des avions tous les cinq ans de 1995 à 2010. En parallèle, elle a relevé les IMC de 75.000 infirmières ainsi que l'exposition aux bruits des avions dans leur zone de résidence (moins de 45 dB ; de 45 à 54 dB ; de 55 dB et plus et une exposition continue à 45 dB ou plus).
L’analyse des données révèle que les individus exposés à des niveaux de bruit d'avion de 45 dB ou plus étaient plus susceptibles d'avoir un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé. De plus, les IMC les plus importants étaient enregistrés dans les zones de résidence où le bruit était de 55 dB ou plus. L’exposition au bruit des avions supérieur à 45 dB était également associée à un IMC plus élevé au milieu et à la fin de la cinquantaine, dès le début de l’âge adulte.
"Des recherches antérieures ont montré que le bruit des avions peut augmenter les réactions au stress et perturber le sommeil, mais les preuves d'un lien avec l'IMC sont mitigées", explique Matthew Bozigar, responsable de l'étude. "Nous avons été surpris de constater un lien assez solide entre le bruit des avions et un indice de masse corporelle plus élevé chez les femmes aux États-Unis."
Nuisance sonore et santé : des disparités régionales mises en évidence
Les chercheurs précisent qu’ils ont repéré des différences régionales. Des associations plus fortes entre l'IMC élevé et l'exposition au bruit des avions ont été enregistrées chez les participantes de la côte ouest des USA et celles vivant dans des conditions arides.
"Nous ne pouvons que formuler des hypothèses sur la raison pour laquelle nous avons constaté ces variations régionales, mais une des raisons peut être liée à l'ère du développement régional, aux caractéristiques des bâtiments et au climat qui peuvent affecter des facteurs tels que l'âge du logement, la conception et le niveau d'isolation", explique Dr. Junenette Peters qui a aussi travaillé sur cette étude. "Les différences régionales de température et d'humidité peuvent influencer des comportements tels que l'ouverture des fenêtres, donc peut-être que les participantes vivant dans l'ouest étaient plus exposées au bruit des avions en raison de l’ouverture des fenêtres ou du type de logement, ce qui permettait à davantage de bruits de pénétrer."
L’équipe prévoit d’explorer davantage le lien entre l’exposition au bruit des avions et l’obésité, ainsi que les inégalités en matière d’exposition au bruit ambiant lors de prochains travaux. "Nous devons étudier les impacts potentiels sur la santé des injustices environnementales liées à l'exposition au bruit des transports, ainsi que d'autres facteurs environnementaux de mauvais résultats pour la santé", indique Matthew Bozigar dans un communiqué de son établissement. "Il reste encore beaucoup à découvrir, mais cette étude ajoute des preuves à un nombre croissant de publications selon lesquelles le bruit a un impact négatif sur la santé."