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Grossesse

La prééclampsie est liée à un risque accru de démence précoce

Par Chloé Savellon

Les femmes atteintes de prééclampsie, qui associe une hypertension artérielle et la présence de protéines dans les urines, sont plus susceptibles de présenter une démence précoce.

Henadzi Pechan/iStock
Au cours d’une récente étude, 128 femmes ont développé une démence précoce.
Les patientes touchées étaient plus âgées, issues de milieux défavorisés, fumeuses et souffraient de diabète.
La prééclampsie entraînait un risque 2,65 fois de démence précoce par rapport à une grossesse sans troubles hypertensifs de la grossesse.

La prééclampsie reste une cause majeure de morbidité et de mortalité maternelles et fœtales, affectant 2 à 5 % des grossesses. Plusieurs recherches ont montré que cette maladie, caractérisée par une élévation de la pression artérielle et de la quantité de protéines présente dans les urines, a des conséquences sur la santé qui durent de nombreuses années après la grossesse. Dans une récente étude, parue dans la revue JAMA Network Open, des chercheurs de Santé Publique à Saint-Maurice ont voulu déterminer si la prééclampsie et d'autres troubles hypertensifs de la grossesse étaient associés à un risque accru de démence précoce.

Démence : 4 fois plus de risque si la prééclampsie survient avant 34 semaines de grossesse

Pour mener à bien leurs travaux, ils ont analysé les données d’une cohorte nationale, appelée "Conception". Cette dernière regroupe tous les accouchements survenus en France après 22 semaines de grossesse entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2018. Toutes les personnes âgées de 30 ans ou plus sans antécédents de démence ont été identifiées. Au total, 1.966.323 adultes ont été suivies depuis l'accouchement jusqu'au 31 décembre 2021. La démence a été détectée à l'aide du diagnostic principal d'hospitalisation au cours d'un suivi de 9 ans.

Selon les résultats, 128 patients ont développé une démence précoce. Les participants ayant développé une démence précoce étaient plus âgés (36,4 ans contre 34,6 ans), issus de milieux défavorisés (13,3 % contre 12 %), fumeurs (14,8 % contre 9 %) et souffraient de diabète (2,3 % contre 0,7 %). Les auteurs ont constaté que la prééclampsie entraînait un risque 2,65 fois de démence précoce par rapport à une grossesse sans troubles hypertensifs de la grossesse. En outre, le rapport de risque augmentait à 4,15 si la prééclampsie survenait avant 34 semaines de grossesse.

"Les résultats ajoutent la prééclampsie précoce à la liste des risques de maladie à vie"

"D'autres travaux sont nécessaires pour confirmer ces premiers résultats et pour déterminer si la prééclampsie est un facteur de risque indépendant de démence et si la prééclampsie et la démence précoce partagent des facteurs de risque communs ou une susceptibilité physiologique à la démence révélée par la grossesse. Les résultats ajoutent la prééclampsie précoce à la liste des risques de maladie à vie ou des conséquences sur les soins de santé d'avoir eu une prééclampsie", a conclu l’équipe.