"Plus de quatre ans après le début de la pandémie, nous savons que le virus du Covid-19 est capable d'envahir et de détruire plusieurs types de cellules et de tissus humains, y compris le système reproducteur, où les testicules servent de 'passerelle'." Pour la première fois, une équipe de chercheurs a démontré que le SARS-CoV-2, "plus agressif que d’autres virus envers l’appareil génital masculin", peut rester dans le sperme des patients pendant près de quatre mois après l’infection, ce qui réduit la qualité des spermatozoïdes.
Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Andrology, suggèrent que les personnes qui prévoient d’avoir des enfants devraient observer une période de "quarantaine" d’au moins six mois après s’être rétablies du coronavirus.
Le virus du Covid-19 détecté dans le sperme des patients en convalescence
Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques de l'Université de São Paulo au Brésil ont examiné des échantillons de sperme prélevés sur 13 patients âgés de 21 à 50 ans qui avaient été infectés par le Covid-19 (de forme légère à modérée) et étaient en convalescence au moment de l’analyse. Ils ont utilisé des tests PCR "en temps réel" et des outils de microscopie électronique à transmission pour "détecter l’ARN viral dans le sperme et les spermatozoïdes", peut-on lire dans un communiqué. L'analyse a été effectuée jusqu'à 90 jours après leur sortie d’hôpital et 110 jours après le diagnostic.
Bien que les résultats du test PCR aient été négatifs pour le SARS-CoV-2 dans le sperme chez l’ensemble des participants, le virus a été détecté dans la semence de 9 des 13 patients (69,2 %), principalement ceux qui avaient été atteints d’une forme modérée à sévère de Covid, et ce pendant les 90 jours suivant leur hospitalisation. Mais "cela ne signifie pas qu'il n'a pas été présent pendant plus longtemps", précisent les chercheurs.
A noter que deux autres patients présentaient "une altération du gamète similaire à celle observée chez les patients ayant reçu un diagnostic de Covid-19". Les auteurs ont donc conclu qu’au total, 11 des patients "avaient le virus dans leur sperme" au moment de l’analyse.
Le rôle des spermatozoïdes dans le système immunitaire
L’équipe de scientifiques a également découvert que les spermatozoïdes produisaient des "pièges extracellulaires à base d’ADN nucléaire" pour neutraliser les agents pathogènes comme les bactéries ou les virus, "se sacrifiant" au passage. "Le matériel génétique dans le noyau s'est décondensé, les membranes cellulaires des spermatozoïdes se sont rompues et l'ADN a été expulsé dans le milieu extracellulaire, formant des réseaux similaires à ceux de la réponse inflammatoire systémique au coronavirus", expliquent-ils.
Ces pièges extracellulaires forment ainsi "la première lignée du système immunitaire", selon les auteurs. "La découverte que les spermatozoïdes font partie du système immunitaire inné et aident à défendre l'organisme contre les agressions est unique dans la littérature. Cette étude peut être considérée comme un changement de paradigme scientifique."
Jusqu'à présent, les spermatozoïdes étaient connus pour avoir quatre fonctions : lier le contenu génétique des gamètes mâles aux gamètes femelles, féconder les gamètes femelles, favoriser le développement des embryons jusqu'à la douzième semaine de grossesse et co-déterminer le développement de certaines maladies chroniques à l'âge adulte, telles que l'infertilité, le diabète, l'hypertension, certains types de cancer et les troubles cardiovasculaires, entre autres.