- Depuis plusieurs années en France, un marché informel et lucratif dans lequel des particuliers et des non-professionnels de santé se procurent et réalisent sur eux-mêmes ou sur autrui des injections à visée esthétique d’acide hyaluronique s’est développé.
- Ces injections "sauvages" ne sont pas sans risque pour la santé.
- Afin de protéger les usagers, un décret de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités permet de contrôler plus strictement la délivrance de dispositifs médicaux et produits injectables à base d’acide hyaluronique.
Depuis début juin, un décret de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités permet de contrôler plus strictement la délivrance de dispositifs médicaux et produits injectables à base d’acide hyaluronique.
"Issu de travaux de concertation menés par la Direction générale de la Santé, ce décret vise à mieux protéger la population des injections illégales d’acide hyaluronique", indique la DGS dans un communiqué de presse. "En effet, depuis plusieurs années, un marché informel et lucratif dans lequel des particuliers et des non-professionnels de santé se procurent et réalisent sur eux-mêmes ou sur autrui des injections à visée esthétique d’acide hyaluronique s’était développé", ajoute l’institution.
Acide hyaluronique : quels dangers pour la santé ?
Ces injections "sauvages" ne sont en effet pas sans risque pour la santé. "Les effets secondaires les plus fréquents et les moins graves des injections à visée esthétique sont les hématomes ou les rougeurs, qui disparaissent en une dizaine de jours", détaillait il y a peu en conférence de presse Martine Baspeyras, dermatologue et experte judiciaire. "Parfois aussi, il s’agit d’un mauvais résultat esthétique, avec asymétrie et/ou gonflement excessif. Autre risque sans gravité majeure : il peut y avoir une mauvaise correction avec un effet inesthétique inverse de celui que l’on cherchait à obtenir", poursuit l’experte.
"D’autres complications sont plus graves mais heureusement très, très rares. Lorsque le produit de comblement est injecté dans une petite artériole, il peut par exemple déclencher une embolie d’acide hyaluronique altérant la circulation sanguine d’un territoire du visage avec potentiellement le développement d’une nécrose tissulaire, voire d’une perte de la vision d’un œil", ajoute la dermatologue.
"Il peut aussi y avoir des nodules qui apparaissent, parfois très longtemps après une intervention esthétique. Nous avons par exemple eu le cas d’une femme qui a présenté cet effet secondaire 17 ans après une injection d’acide hyaluronique, car elle a changé de statut immunitaire en développant une polyarthrite rhumatoïde", précise Martine Baspeyras.
"Lorsqu’on fait une injection à visée esthétique chez un médecin, il peut mieux prévenir ces effets secondaires, les reconnaître et les traiter, contrairement aux autres professionnels de l’esthétique", insiste-t-elle.
Qui peut désormais prescrire de l'acide hyaluronique ?
Pour aller dans son sens, le nouveau décret prévoit que la délivrance des dispositifs à base d’acide hyaluronique injectable soit rendue accessible uniquement sur prescription médicale pour les patients ou clients, et dans le cadre de leur usage professionnel pour les médecins et chirurgiens-dentistes.
"Seuls les médecins peuvent désormais prescrire ces dispositifs pour une visée médicale ou esthétique. Les chirurgiens-dentistes, quant à eux, sont habilités à prescrire ces dispositifs pour une visée médicale uniquement", précise la DGS.
Le décret prévoit également que le dispositif puisse toujours être délivré en pharmacie, mais que s’agissant du grand public, cela se fasse uniquement sur prescription d’un médecin ou d’un chirurgien-dentiste.
"Aussi, il est nécessaire que les personnes souhaitant recourir aux produits d’acide hyaluronique injectable se tournent vers leur médecin ou leur chirurgien-dentiste, qui sont les seuls professionnels pouvant pratiquer ces injections", termine la DGS.
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