L’hyperphagie boulimique est un trouble du comportement alimentaire qui se manifeste par des épisodes récurrents de frénésie alimentaire, un besoin irrépressible et incontrôlé de manger jusqu’à être rassasié. Une affection qui s’accompagne généralement d’anxiété et peut conduire à l’obésité et autres maladies métaboliques, parmi les 3 à 5 % de la population qui en souffrent.
Alors que les patients atteints d’hyperphagie boulimique nécessitent une prise en charge thérapeutique pluridisciplinaire, une équipe de chercheurs du King’s College de Londres, au Royaume-Uni, vient de dévoiler les résultats prometteurs d’un nouveau traitement destiné à "recâbler" le cerveau. Ses travaux ont été publiés dans la revue BJPsychOpen.
La stimulation cérébrale électrique pour traiter l’hyperphagie boulimique
Le traitement, auto-administrable, combine une technique de stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS en anglais), avec un programme de formation à la modification du biais de l’attention (ABMT). La première consiste à appliquer de légers courants électriques, via des électrodes placées sur le crâne, pour stimuler des zones spécifiques du cerveau. Le second, déjà utilisé en psychothérapie pour soigner le trouble alimentaire, vise à "renforcer la capacité d’auto-régulation des patients en corrigeant leurs biais néfastes à l’égard de la nourriture et en changeant la façon dont elles considèrent les denrées riches en calories", peut-on lire dans un communiqué.
Les chercheurs ont recruté 82 patients en surpoids ou obèses répondant aux critères de diagnostic de l’hyperphagie boulimique. Les participants ont été répartis dans quatre groupe distincts, chacun recevant soit 10 séances de tDCS auto-administré à domicile pendant l'ABMT, soit 10 séances de tDCS placebo (pas de stimulation électrique pendant l'ABMT), soit 10 sessions d'ABMT uniquement, soit aucun traitement.
Moins de frénésie alimentaire et d'anxiété, plus de kilos perdus
Résultat, les patients ayant bénéficié d’un traitement tDCS et ABMT sont ceux qui ont signalé le plus de changements dans leur comportement : leurs épisodes de frénésie alimentaire sont passés de 20 par mois en moyenne au début de l’étude, à seulement 6 par mois six semaines plus tard. Ils ont également perdu le plus de poids parmi les participants : entre 3,5 et 4 kg en moyenne en six semaines, contre 1,5 à 2 kg pour le groupe qui a reçu un ABMT avec un faux tDCS, et bien moins chez ceux qui n’avaient eu droit qu’à l’ABMT.
"Le tDCS cible les modèles de comportement axés sur le cerveau qui pourraient contribuer à la perte de contrôle à l’égard de la nourriture, permettant aux gens de modifier la pensée et le comportement enracinés autour de l’alimentation", éclaire Dr. Michaela Flynn, autrice principale de l’étude.
A noter enfin que le double traitement semble aussi jouer sur l’anxiété : les patients bénéficiant à la fois de la stimulation cérébrale et du programme de formation ont signalé "une amélioration substantielle de leur humeur" tout au long du suivi, devenue "plus légère". Les autres n’ont observé aucun changement.