Dans une nouvelle étude, des scientifiques du Helmholtz Zentrum München (Allemagne) ont examiné l'impact du régime alimentaire du père avant la conception sur la santé des enfants. Pour les besoins de leurs travaux, ils se sont concentrés sur les petites molécules d'ARN présentes dans les spermatozoïdes, connues sous le nom de "fragments d'ARNt mitochondriaux (ARNtm)". Ces derniers jouent un rôle clé dans l'hérédité des traits de santé en régulant l'expression des gènes. Après avoir étudié les données d’une cohorte portant sur plus de 3.000 familles, les chercheurs ont constaté que le poids du père influence le poids des enfants et leur susceptibilité aux maladies métaboliques. Cette influence existe indépendamment d'autres facteurs, tels que le poids de la mère, la génétique des parents ou les conditions environnementales.
Un régime riche en graisses a entraîné un risque de maladies métaboliques chez la progéniture des souris
Pour aller plus loin dans l’analyse, l’équipe a ensuite mené des expériences sur des souris. Les animaux ont été soumis à un régime riche en graisses, c'est-à-dire à des aliments dont la teneur en graisses est supérieure à celle d'un régime normal. "Cela a eu des effets sur les organes reproducteurs des animaux, dont l'épididyme. L'épididyme est la zone de l'appareil reproducteur mâle où les spermatozoïdes fraîchement formés arrivent à maturité." Selon les résultats, publiés dans la revue Nature, les spermatozoïdes exposés à un régime riche en graisses dans l'épididyme des rongeurs ont conduit à une progéniture présentant une tendance accrue aux maladies métaboliques.
Les auteurs ne se sont pas arrêtés là et ont décidé de réaliser des travaux supplémentaires en laboratoire. Ces derniers ont créé des embryons par fécondation in vitro. En utilisant les spermatozoïdes de souris exposées à un régime riche en graisses, ils ont découvert des ARNt mitochondriaux de ces spermatozoïdes dans les premiers embryons. "Ici, l'épigénétique sert de lien moléculaire entre l'environnement et le génome, même au-delà des frontières générationnelles. Cela se produit non seulement par la lignée maternelle mais, comme l'indiquent nos résultats de recherche, également par la lignée paternelle", a expliqué le professeur Martin Hrabě de Angelis, co-auteur de l’étude.
"Des soins de santé préventifs pour les hommes souhaitant devenir père"
Dans leurs conclusions, les scientifiques insistent sur le rôle de la santé paternelle avant la conception. "Nos résultats suggèrent que les soins de santé préventifs pour les hommes souhaitant devenir père devraient recevoir plus d'attention et que des programmes devraient être développés à cet effet, notamment en ce qui concerne l'alimentation. Cela peut réduire le risque de maladies comme l'obésité et le diabète chez les enfants", a déclaré Raffaele Teperino, qui a dirigé les travaux.