Il y a quelques jours, les sages-femmes du Collectif (1), en grève depuis plus de deux mois, se sont défendues dans un communiqué d'avoir appelé aux arrêts de travail. Elles ont réitéré, dans une lettre ouverte adressée au premier ministre, leur souhait « d'intégrer le statut » de practicien hospitalier. Mais aujourd'hui, grâce à de réelles avancées sur le statut de PH hier à la table des négociations, les sages-femmes du Collectif se disent désormais en partie apaisées. Pourtant, dans l'autre camp de sages-femmes, celui des grandes centrales syndicales (FO, CGT, SUD, CFDT..) ont déplore à présent « le manque de position claire de la ministre en ce qui concerne le maintien des sages-femmes dans la fonction publique hospitalière, et son refus d'avoir des négociations salariales avant la fin des travaux des commissions, d'ici la fin du mois de mars 2014. » L'intersyndicale compte se réunir « en début d'année pour envisager des actions. » Alors, de nouveaux arrêts de travail abusifs sont -ils à craindre ? Face à ce mode d'action musclé, certains médecins s'inquiètent déjà de la radicalisation du mouvement.
Dans un communiqué de presse mis en ligne le 20 décembre, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) rappelle tout d'abord qu'il soutient, sur certains points de leurs revendications, le mouvement des sages-femmes. Mais le CNGOF précise qu'il ne peut soutenir « un mouvement qui mettrait en danger la sécurité des femmes et des naissances. » Il rajoute que tel est le cas, lorsque les sages-femmes « utilisent de façon massive et abusive l'arrêt de travail comme moyen d'échapper aux réquisitions. » Pour cette raison, le CNGOF affirmer se désolidariser clairement de ce mode de revendication et d'action.
Et face à ce conflit qui s'enlise, avec la décision de la ministre de reporter sa décision finale au mois de mars, la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale enfonce le clou. La FNCGM annonce maintenant qu'elle s'oppose fermement aux projets gouvernementaux de confier la prise en charge de la santé de la femme aux sages-femmes. Elle rejette également la possibilité pour les femmes de trouver des consultations de « premier recours » auprès de Sages- Femmes. Enfin, dernier coup de butoir de la Fédération, selon la FNCGM, « les sages-femmes ne peuvent pas avoir la compétence, après 4 ans d'études en maïeutique, pour différencier une situation normale d'une situation pathologique que ce soit en situation de première consultation gynécologique, de choix contraceptif, de prise en charge de toute pathologie et d'un suivi gynécologique. »
Pour toutes ces raisons, la Fédération demande instamment à la Ministre de la santé de faire les choix courageux qui s'imposent pour demain « en refusant ce fameux premier recours » à la profession de sage-femme « insuffisamment compétente pour assurer de telles responsabilités. »
En conclusion, la Fédération tient surtout à alerter les femmes de cette mesure « à bas bruit » qui conduirait très vite à des situations dramatiques. La FNCGM lance dès lors une pétition qui est en ligne sur le site de la Fédération (www.fncgm.com) pour appuyer cette demande.
En réaction, on imagine déjà que ces professionnelles ne vont pas manquer de rappeler à ces gynécologues que les sages-femmes pratiquent au quotidien tous les actes d'un suivi de grossesse normal : échographie, préparation à l'accouchement, monitoring...
(1) ONSSF, CNSF, CTFC santé sociaux, Association nationale des sages-femmes, Cnema, SNECMA, Anesf
(2) La Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM), association 1901, regroupe à l’échelon national 11 Collèges régionaux de Gynécologie médicale.