Le cancer colorectal est l’un des plus fréquents en France avec près de 50.000 nouveaux cas chaque année. La chirurgie, suivie d’une chimiothérapie, est le traitement standard pour en venir à bout. Actuellement, les taux de survie sur cinq ans sont de 90 % pour les patients qui sont diagnostiqués au stade un, de 65 % pour ceux diagnostiqués au stade deux et de 10 % au stade 3.
En quête de nouveaux traitements contre les formes agressives du cancer, des chercheurs de l’University College de Londres ont développé un médicament d’immunothérapie qui pourrait "tripler les chances de survie" des malades et leur éviter la chirurgie. Leurs travaux ont été présentés lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology.
Un médicament d’immunothérapie préalable à la chirurgie du cancer colorectal
Dans le cadre de cette étude, les scientifiques ont recruté 32 patients atteints d'un cancer de l'intestin de stade 2 ou 3 et porteurs d'un certain profil génétique (déficit en MMR/MSI élevé) dans cinq hôpitaux à travers le Royaume-Uni. Entre 10 et 15 % des patients souffrant d’un cancer colorectal ont cette mutation génétique, qui rend difficile l’éradication de la tumeur par les traitements conventionnels.
Au cours des neuf semaines précédant la chirurgie, les participants ont reçu le médicament d’immunothérapie appelé pembrolizumab (connu sous le nom de Keytruda), au lieu du traitement habituel chimiothérapie/chirurgie, puis ont été surveillés pendant 19 mois. Le traitement en question permet la dissolution des tumeurs volumineuses à haut risque par le système immunitaire, et épargnent ainsi aux patients la nécessité d’une intervention invasive.
Six patients sur dix sans signe de cancer après le traitement d’immunothérapie
Résultat, 59 % des patients n'avaient aucun signe de cancer après le traitement par pembrolizumab et avant la date de leur chirurgie, et chez les 41 % restants, le cancer a été retiré pendant la chirurgie. "Tous les participants à l’étude étaient sans cancer après le traitement, et le sont toujours de nombreux mois plus tard", résument les chercheurs. A titre de comparaison, "lorsque la chimiothérapie conventionnelle est administrée à des patients avec ce profil génétique, moins de 5 % seulement ne montrent aucun signe de cancer après la chirurgie".
"L'immunothérapie préalable à la chirurgie pourrait bien changer la donne pour les 10 à 15 % des patients avec ce profil génétique atteints de ce type de cancer. Non seulement le résultat est meilleur, mais cela évite aux malades de subir une chimiothérapie plus conventionnelle, qui a souvent plus d'effets secondaires. À l'avenir, l'immunothérapie pourrait même remplacer le besoin de chirurgie."
La prochaine étape de l’étude consistera à déterminer les taux de survie et de récidive. "Nous devons attendre pour voir si les patients de notre essai restent en rémission sur une période plus longue."