Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn, se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, due à une dérégulation du système immunitaire intestinal. Au moins 200.000 personnes en sont atteintes en France, mais les médicaments actuels ne s’avèrent pas efficaces chez tous les patients.
"Il n’y a pas de remède [...] Les MICI sont des pathologies vraiment complexes, avec de multiples facteurs de risque génétiques et environnementaux, donc notre découverte est un énorme bond en avant." Une équipe de chercheurs du Francis Crick Institute, à Londres, a identifié une nouvelle voie génétique qui pourrait devenir la cible de potentiels traitements.
Le gène ETS2, associé à un risque accru de maladies inflammatoires de l’intestin
Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Nature, les scientifiques ont étudié un "désert génétique", c’est-à-dire une région du génome dépourvue de gènes codant pour des protéines, qui a déjà été associé aux MICI et à d’autres maladies auto-immunes. Ils ont découvert que ce désert contient un "amplificateur" capable d’augmenter la quantité de protéines que les gènes voisins produisent. Or cet amplificateur n’est actif que dans les macrophages, un type de cellule immunitaire associé aux MICI, et stimule un gène appelé ETS2, dont des niveaux élevés sont corrélés à un risque accru de maladie.
En utilisant l'édition génétique, les chercheurs ont révélé que le gène ETS2 était "essentiel pour presque toutes les fonctions inflammatoires des macrophages, y compris celles qui contribuent directement aux lésions dans les MICI", selon un communiqué. Et que "le simple fait d'augmenter la quantité d'ETS2 dans les macrophages au repos les transformait en cellules inflammatoires semblables à celles des patients atteints de MICI".
Un médicament qui réduit l’inflammation chez les patients atteints de MICI
En partant de ces "preuves [que la voie ETS2] est une cause majeure de MICI", l’équipe a développé un médicament qui pourrait indirectement réduire l’activité d'ETS2 et désactiver ses effets inflammatoires : des inhibiteurs de la protéine MEK, déjà prescrits pour d'autres affections non inflammatoires.
Testés sur des patients atteints de MICI, les nouveaux médicaments ont permis de "réduire non seulement l'inflammation dans les macrophages, mais aussi dans les échantillons intestinaux", affirment les chercheurs. "Cette étude représente une étape cruciale vers la possibilité, un jour, d'un monde sans maladie de Crohn ni rectocolite."