Dans un hôpital à Toronto, une femme de 50 ans s’était présentée à plusieurs reprises aux urgences, car elle a eu des infections récurrentes des voies urinaires, "qui nécessitaient des traitements fréquents de ciprofloxacine et de nitrofurantoïne", ainsi qu'un reflux gastro-intestinal, "traité au dexlansoprazole". Ensuite, elle a commencé à avoir une somnolence excessive et des épisodes d'endormissement soudain alors qu'elle se préparait pour aller au travail ou faisait à manger.
Syndrome d'auto-brasserie : des troubles d'élocution, une odeur d'alcool et un taux d'éthanol élevé
"Après chaque visite, la patiente avait besoin d'une à deux semaines d'arrêt de travail en raison d'une léthargie et d'une somnolence persistantes. Pendant ce temps à la maison, elle mangeait peu, étant donné que son appétit était réduit par la somnolence. Sa léthargie disparaissait ensuite en une à deux semaines, avec une amélioration ultérieure de l'appétit. Sa léthargie et sa somnolence sont réapparues de manière épisodique tous les uns à deux mois par la suite", ont indiqué les médecins dans un rapport de cas, publié dans le Canadian Medical Association Journal.
Lors de sa septième visite aux urgences, la mère de famille a présenté des troubles d'élocution, une odeur d'alcool dans l'haleine et un taux d'éthanol élevé de 62 mmol/L. C’est à ce moment-là qu’un diagnostic de syndrome d'auto-brasserie a été évoqué par l'urgentiste qui lui a prescrit du fluconazole par voie orale avant son transfert dans une clinique spécialisée en gastro-entérologie pour une intoxication alcoolique. "Malgré ses déclarations selon lesquelles elle n'avait pas consommé d'alcool, corroborées par sa famille", la quinquagénaire a fait une batterie d’examens et de tests alimentaires, par exemple un régime pauvre en glucides.
Le système digestif produit de l'éthanol à la suite de la fermentation d’aliments riches en glucides
Le verdict tombe : elle est bel et bien atteinte du syndrome d'auto-brasserie. Il s’agit d’une maladie rare dans laquelle des champignons intestinaux produisent de l’éthanol par fermentation d’aliments riches en glucides. Cette pathologie "peut avoir des conséquences sociales, professionnelles et médicales importantes pour les patients et leurs proches. La connaissance de ce syndrome est ainsi essentielle pour son diagnostic et sa gestion clinique", selon les professionnels. Sa prise en charge implique des soins multidisciplinaires, c’est-à-dire avec des généralistes, des gastro-entérologues, des infectiologues, des psychologues, ainsi que des diététiciens, "avec une stratégie de traitement antifongique et un régime pauvre en glucides".