Le lissage chimique des cheveux, ou lissage brésilien, est risqué pour la santé, indique l’Académie nationale de médecine dans un communiqué publié ce jeudi 6 juin. C’est la substance utilisée pour le défrisage, l’acide glyoxylique, qui est visée.
Des cas d’insuffisance rénale aiguë après des lissages des cheveux
L’Académie nationale de médecine met en garde les adeptes du lissage brésilien en citant deux récentes études. Dans la première, publiée en 2023 dans la revue American journal of kidney diseases, les chercheurs analysent les 26 cas de patients ayant souffert d’insuffisance rénale aiguë à la suite d'une procédure de lissage des cheveux. Ils notent que deux d’entre eux ont eu des épisodes récurrents d’insuffisance rénale aiguë après avoir fait plusieurs lissages brésiliens.
Dans la seconde étude, publiée en mars 2024 dans la revue The New England Journal of Medicine, les scientifiques relatent le cas d’une femme de 26 ans ayant été atteinte d’insuffisance rénale aiguë à trois reprises, après avoir fait des lissages brésiliens. Auparavant, cette patiente n’avait jamais eu de problème de santé.
Mais pourquoi un tel lien entre lissage brésilien et insuffisance rénale ? Les personnes qui utilisent cette technique de défrisage sont exposées à l’acide glyoxylique, soit par contact cutané, oculaire ou par inhalation. Les scientifiques indiquent que, pour le cas de cette femme de 26 ans, des cristaux d’acide d’oxalique se sont formés au niveau des tubules rénaux, “induits par l’acide absorbé par le cuir chevelu et la peau lors du lissage.”
Le produit utilisé par la patiente pour le lissage brésilien contenait 10 % d’acide glyoxylique. C’est bien moins que les 30 % maximum considérés comme sûrs par le “Cosmetic Ingredient Review” pour une utilisation courte. Cela signifie donc que les personnes qui utilisent ces produits courent un risque, même avec des doses bien plus faibles que celles qui sont autorisées, au maximum, pour ce type de produits.
Les scientifiques ont confirmé leur observation en appliquant un produit de lissage contenant 10 % d’acide glyoxylique sur la peau de souris. En 24 heures, les rongeurs avaient des cristaux d’oxalate de calcium dans leurs urines, ce qui n’était pas le cas du groupe de souris témoins.
“L’acide glycolique, métabolisé en acide glyoxylique, est aussi très utilisé pour les “peelings” du visage à des concentrations le plus souvent proches de 30 %, prévient l’académie nationale de médecine. (...) Une observation d’insuffisance rénale aiguë, chez un patient transplanté rénal depuis 4 ans, a été décrite après 5 “peelings” du visage à l’acide glycolique (à une concentration entre 40 et 70 %). La biopsie rénale a révélé la présence de cristaux d’oxalate.”
Lissage brésilien : 4 recommandations de l’académie nationale de médecine
Face à ces risques, l’académie nationale de médecine émet plusieurs recommandations :
- Informer les professionnels de santé, les salons de coiffure et les commerces de produits cosmétiques à base de ces acides sur les risques.
- Informer les utilisateurs sur les risques et sur les signes de l’insuffisance rénale aiguë (nausées, douleurs abdominales aiguës, vomissements).
- Ne pas faire de lissage des cheveux ou de “peelings” en cas de lésions du cuir chevelu ou de la peau du visage, car cela augmente la pénétration de l’acide glyoxylique et de l’acide glycolique.
- Développer une cosmétovigilance pour évaluer la fréquence du risque lié à l’usage de produits à base d’acides glyoxylique et glycolique, et d’établir un profil des patients les plus à risques.
Si l’utilisation de ces produits capillaires représente un risque, environ 50 % des insuffisances rénales sévères sont dues au diabète ou à l’hypertension, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).