- Des niveaux plus élevés de PFOA favorisent le développement d’une maladie microvasculaire coronaire et sont associés à des niveaux plus élevés d’acides aminés isoleucine, de leucine et de cytokines pro-inflammatoires.
- Des niveaux plus élevés de PFOS, liés à la maladie coronarienne, sont corrélés à des niveaux plus faibles d’isoleucine et de leucine.
- Selon cette nouvelle étude, chaque PFAS est associé à un ensemble distinct de protéines pro-inflammatoires.
Ustensiles de cuisine, vêtements, emballages alimentaires… Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) impactent la santé de tous… Mais, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Toxicological Sciences, ces “produits chimiques éternels” ont des conséquences particulièrement néfastes sur le cœur des femmes ménopausées.
Les femmes ménopausées, très impactées par les PFAS
Avant la ménopause - grâce à l’accouchement, à l’allaitement et aux menstruations - les femmes éliminent plus de PFAS que les hommes. En revanche, après, ces polluants s’accumulent et peuvent causer des problèmes.
Pour étudier l’impact de ces substances sur leur santé cardiaque, les chercheurs du Collège des sciences de l'agriculture, de la consommation et de l'environnement de l'Université de l'Illinois, aux États-Unis, ont analysé les données et les échantillons de 70 femmes ménopausées en Turquie. Parmi les participantes, environ un tiers avait reçu un diagnostic de maladie coronarienne, aussi appelée coronaropathie, qui est la forme la plus fréquente de maladie du cœur. Un autre tiers souffrait de coronary microvascular disease (maladie microvasculaire coronaire en français), pathologie qui touche les petites artères du muscle cardiaque. Enfin, le dernier tiers ne présentait aucun signe de problème cardiaque.
Les chercheurs ont testé les prélèvements pour détecter la présence et les niveaux de plusieurs types de ces polluants chimiques éternels :
- Deux PFAS "anciens" à longue chaîne : le sulfonate de perfluorooctane (PFOS) et le acide perfluorooctanoïque (PFOA), "dont les usages ont été très fortement restreints au niveau international, respectivement depuis 2009 et 2020, sont encore fréquemment mesurés dans l’environnement", selon l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses).
- Un nouveau produit chimique PFAS à chaîne courte : l'acide perfluorobutane sulfonique (PFBS).
Ensuite, l'équipe a cherché les relations entre les taux de PFAS et les différentes pathologies cardiaques repérées chez les femmes ménopausées.
Les PFAS impactent différemment les métabolites et les protéines
"Nous avons constaté que le PFOS était fortement associé à la maladie coronarienne, tandis que le PFOA était davantage lié à la maladie microvasculaire coronaire", explique Madak-Erdogan, l’un des auteurs, dans un communiqué.
Les scientifiques ont observé que le PFOS et le PFOA impactaient les protéines sanguines des femmes ménopausées et provoquaient de l’inflammation. Mais tous les PFAS n’ont pas eu le même impact sur les métabolites, chose à laquelle ne s’attendaient pas les chercheurs.
Ainsi, des niveaux plus élevés de PFOA, qui favorisent le développement d’une maladie microvasculaire coronaire, étaient associés à des niveaux plus élevés d’acides aminés isoleucine, de leucine et de cytokines pro-inflammatoires. En revanche, des niveaux plus élevés de PFOS, liés à la maladie coronarienne, étaient corrélés à des niveaux plus faibles d’isoleucine et de leucine. Autre différence : chaque polluant éternel (PFOA, PFOS et PFBS) était associé à un ensemble distinct de protéines pro-inflammatoires.
Les chercheurs rappellent qu'il n'y a aucun moyen pour éliminer les PFAS présents dans l'organisme. Ainsi, pour eux, la meilleure prévention reste de limiter, tout au long de leur vie, les objets contenants ces substances chimiques.
"Nous avons besoin de plus d'éducation sur la manière dont nous pouvons réduire notre exposition aux PFAS, conclut Madak-Erdogan. Il faut également prendre davantage de mesures pour réglementer et diminuer la pénétration de ces produits chimiques dans l'environnement."