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TCA

Troubles alimentaires : les compétences psychosociales peuvent empêcher les rechutes

Par Chloé Savellon

Aider les patients à comprendre comment leurs pensées, leurs sentiments et leurs comportements sont liés à leurs difficultés alimentaires permettrait de parvenir à un rétablissement durable.

Andrii Zorii/iStock
D’après Bethany Crowley, spécialiste de ces troubles alimentaires, le taux de rechute "est élevé" chez les personnes atteintes de troubles alimentaires, "qui cherchent à se faire soigner".
Elle suggère qu’une approche intégrative du traitement des TCA favoriserait un rétablissement durable.
Faire taire les pensées négatives, apprendre à gérer les déclencheurs émotionnels et pratiquer l'autocompassion figurent parmi les compétences clés décrites par la spécialiste de ces troubles alimentaires.

L'anorexie, la boulimie et d'autres troubles des conduites alimentaires (TCA) touchent des millions d’adultes. "On estime que 30 millions de personnes sont concernées chaque année aux États-Unis, notamment par l'anorexie, la boulimie et l'hyperphagie, et que toutes les 62 minutes, une personne en meurt directement. Le taux de rechute est élevé chez les personnes qui cherchent à se faire soigner, car ces troubles sont souvent mal compris", selon Bethany Crowley, spécialiste de ces troubles alimentaires. Dans un ouvrage, elle suggère qu'une approche intégrative du traitement des personnes est nécessaire, afin de se concentrer sur l'ensemble de la personne plutôt que sur les seuls troubles alimentaires.

TCA : "un paquet de chips peut être un symbole d'amour et remplacer un câlin"

Après avoir rencontré plusieurs patients, qui lui ont permis d’illustrer les difficultés rencontrées par les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire, l’experte a voulu démystifier les complexités et les nuances des TCA. D’après elle, les troubles alimentaires sont difficiles à traiter, car "tout est une métaphore et que l'une des clés de la guérison consiste à comprendre le sens de la nourriture et de l'alimentation. Un paquet de chips peut être un symbole d'amour et remplacer un câlin." La spécialiste explique que la sensibilité au rejet, les pensées obsessionnelles et les comportements compensatoires, comme le fait de ne manger qu'après avoir fait de l'exercice, font partie des nombreux signes d'alerte d'un éventuel trouble de l'alimentation. "Apprendre aux patients à utiliser sa petite voix et à faire taire les pensées négatives est la clé de la guérison."

Elle ajoute que les personnes souffrant de troubles de l'alimentation ont souvent du mal à gérer la vie quotidienne et les relations, comme les situations sociales, et qu'une autre compétence clé consiste à comprendre les façons de s’attacher aux autres et les besoins de développer des relations plus saines. D'autres compétences consistent à changer l'"histoire" ou le "récit" que les personnes répètent depuis des années. Bethany Crowley précise que certaines personnes considèrent leur trouble alimentaire comme un "meilleur ami". "Ce qu'il faut c'est qu'elles apprennent à abandonner leurs pensées rigides et la croyance qu'elles ne peuvent pas changer une situation négative, même si elles ont la possibilité de le faire."

"La psychoéducation est une partie essentielle de ma méthode de traitement" des TCA

En s’appuyant sur la thérapie multimodale (MMT), qui est fondée sur des données probantes explorant les aspects biologiques, psychologiques et sociaux des raisons pour lesquelles une personne développe un trouble de l'alimentation, elle déclare que les thérapeutes doivent développer une meilleure compréhension des difficultés des patients depuis le début du traitement jusqu’à leur sortie.

"La psychoéducation est une partie essentielle de ma méthode de traitement des troubles de l'alimentation. Aider les clients à comprendre comment leurs pensées, leurs comportements, leurs sentiments et leurs perceptions sont liés à leurs difficultés alimentaires et à leur insatisfaction corporelle a été la pierre angulaire de l'efficacité de mon approche. Par exemple, les personnes qui ont du mal à manger ont souvent du mal à poser des questions lorsque les choses n’ont pas de sens, ce qui peut être dû à leur anxiété ou à leur besoin de contrôle. S’ils ne posent pas de questions, comment peuvent-ils espérer s’améliorer ? C'est notre travail de les aider à clarifier leurs problèmes, afin qu'ils puissent éventuellement poser les bonnes questions, puis mieux suivre et mettre en pratique les compétences nécessaires au rétablissement d'un trouble de l'alimentation", a-t-elle poursuivi.