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Perception

On sait pourquoi les femmes et les hommes ressentent la douleur différemment

Par Stanislas Deve

Les mécanismes cellulaires liés à la perception de la douleur sont différents chez les hommes et les femmes, ce qui expliquerait les écarts de ressenti entre les deux sexes, selon une nouvelle étude.

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La recherche scientifique suggère que les hommes et les femmes ne sont pas égaux face à la perception de la douleur. D’après une nouvelle étude, cela serait lié aux nocicepteurs, ces cellules nerveuses spécialisées qui donnent l’alerte et produisent un message douloureux.
Les chercheurs ont constaté que "ce qui change les seuils d’activation des nocicepteurs peut être complètement différent" selon les mâles et les femelles, aussi bien animaux qu’humains. Autrement dit, "il existe des nocicepteurs mâles et des nocicepteurs féminins", ce qui n'avait jamais été reconnu auparavant.
A terme, ces résultats pourraient aboutir à des traitements plus efficaces contre les troubles de la douleur à la fois chez l’homme et chez la femme.

La recherche scientifique suggère que les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la perception de la douleur, mais pourquoi une telle différence ? Une équipe de chercheurs de l’Université de l’Arizona, aux Etats-Unis, vient de mettre en évidence, pour la première fois, les mécanismes biologiques derrière cet écart de ressenti entre les sexes.

D’après leurs travaux, publiés dans la revue Brain, cela serait lié aux nocicepteurs : ces cellules nerveuses spécifiques qui donnent l’alerte et produisent un message douloureux seraient tout simplement "différentes chez les hommes et les femmes", peut-on lire dans un communiqué.

Des différences de nocicepteurs, les cellules nerveuses de la douleur

Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de chercheurs a étudié l’excitabilité des cellules nociceptrices situées près de la moelle épinière dans le ganglion de la racine dorsale. Les nocicepteurs, lorsqu'ils sont activés par des dommages ou des blessures, envoient un signal au cerveau par la moelle épinière qui entraîne la perception de la douleur. Par exemple, toucher une poêle brûlante est un stimulus de haute intensité, tandis qu'un col de chemise frottant un coup de soleil est de faible intensité, mais les deux produisent la perception de la douleur. Les analgésiques agissent en normalisant le seuil d’activation des nocicepteurs, bloquant ainsi la douleur.

Les chercheurs ont utilisé des échantillons de tissus de souris mâles et femelles, de primates non humains et d'humains pour tester l'effet de deux substances – la prolactine (hormone responsable de la production de lait maternel) et l'orexine B (neurotransmetteur qui favorisent l’éveil) – sur les seuils d'activation des nocicepteurs permettant aux stimuli de faible intensité de produire de la douleur. Ils ont constaté que "ce qui change les seuils des nocicepteurs peut être complètement différent" selon les mâles et les femelles, aussi bien animaux qu’humains.

Traiter différemment la douleur chez les hommes et les femmes

"Lorsque nous avons ajouté les substances qui abaissent ces seuils d'activation, nous avons constaté que la prolactine ne sensibilise que les cellules femelles et non les cellules mâles, et que l'orexine B ne sensibilise que les cellules mâles et non les cellules femelles", affirment les scientifiques. Autrement dit, "il existe des nocicepteurs mâles et des nocicepteurs féminins", ce qui n'avait jamais été reconnu auparavant.

Comme attendu, le blocage de la signalisation de la prolactine a donc réduit l'activation des nocicepteurs chez les femmes et n'a eu aucun effet chez les hommes, tandis que le blocage de la signalisation de l'orexine B était efficace chez les hommes et non chez les femmes.

Conclusion : cibler la sensibilisation des nociceptors induite par la prolactine pourrait permettre de traiter des troubles de la douleur prévalents chez les femmes, de même que cibler celle induite par l'orexine B pourrait améliorer le traitement de la douleur chez les hommes.