ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Votre capacité à suivre un itinéraire en dit long sur vos risques de démence

Exploration spatiale

Votre capacité à suivre un itinéraire en dit long sur vos risques de démence

Par Stanislas Deve

Les changements dans la façon d’explorer un nouvel espace pourraient devenir un nouveau marqueur clinique du déclin cognitif précoce lié à la démence, selon une étude.

francescoch / istock
Notre capacité de navigation spatiale a tendance à diminuer avec l’âge. Un déclin attribué aux changements cérébraux naturellement liés au vieillissement, mais également causé par notre manière d’explorer un nouvel environnement, qui a tendance à changer avec l’âge.
"Par rapport aux plus jeunes, les personnes d'âge moyen ont moins exploré l'environnement du labyrinthe [à l’étude], car ils ont parcouru moins de distance, se sont arrêtés plus longtemps aux points de décision et ont visité davantage d'objets."
Les chercheurs estiment que ce type de changements dans le comportement d’exploration "pourrait devenir un nouveau marqueur clinique du déclin cognitif précoce lié à la démence".

La navigation spatiale, cette capacité à suivre un itinéraire d’un point A à un point B, est une compétence que nous utilisons tous les jours... mais qui a tendance à diminuer avec l’âge. Ce déclin du sens de l’orientation est généralement attribué à une détérioration de la mémoire spatiale, due aux changements cérébraux naturellement liés au vieillissement.

D’après une nouvelle étude, publiée dans la revue Frontiers in Aging Neuroscience, ce déclin serait également provoqué par la façon dont nous explorons un nouvel environnement, qui a tendance à changer avec l’âge.

Des tests d’orientation spatiale dans un labyrinthe en réalité virtuelle

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l’Université de Californie à Irvine (Etats-Unis) ont mené des expériences sur 87 adultes d’âge moyen (50 ans en moyenne) et 50 jeunes âgés en moyenne de 19 ans. Aucun n’avait d’antécédents de maladie neurologique, comme la démence, ou psychiatrique.

Les participants ont été amenés à explorer et à s’orienter dans un labyrinthe en réalité virtuelle, composé de carrefours et de couloirs, séparés par des haies. Des objets spécifiques étaient dispersés sur tout l’itinéraire à des endroits stratégiques servant de points de repère. Au cours d’une première phase d’exploration, les volontaires devaient parcourir librement le labyrinthe et apprendre l’emplacement des objets. Au cours d’une seconde phase d’orientation, ils devaient appliquer ce qu’ils avaient appris, en naviguant entre deux objets choisis au hasard en 45 secondes.

Sans surprise, les jeunes ont eu en moyenne un taux de réussite plus élevé pour trouver leur chemin. Une différence de succès "en partie due aux changements qualitatifs observés dans la façon dont les participants jeunes et les participants d’âge moyen ont appris le labyrinthe", selon un communiqué.

Les personnes d’âge moyen explorent moins un nouvel environnement que les jeunes

"Par rapport aux plus jeunes, les personnes d'âge moyen ont moins exploré l'environnement du labyrinthe, car ils ont parcouru moins de distance, se sont arrêtés plus longtemps aux points de décision et ont visité davantage d'objets", expliquent les chercheurs, précisant que "les différences étaient si notables qu’ils ont pu prédire, via l’intelligence artificielle, si un participant était jeune ou d’âge moyen". D’une manière générale, les personnes d’âge moyen ont eu tendance à "prioriser l’apprentissage de lieux spécifiques dans le labyrinthe, par opposition à la disposition globale du labyrinthe".

"Nous étudions actuellement si ce type de changements dans le comportement d’exploration peut être identifié chez les personnes à risque ou atteintes de la maladie d’Alzheimer", conclut les auteurs de l’étude, estimant qu’une telle altération comportementale "pourrait devenir un nouveau marqueur clinique du déclin cognitif précoce lié à la démence".