Pour les brûlures profondes, qui ne peuvent pas cicatriser spontanément, la reconstruction de la peau se fait par des greffes. Ainsi, les médecins prélèvent de la peau saine du patient pour ensuite la poser sur des zones brûlées. Cela s’appelle l’autogreffe. Lorsque la peau saine ne suffit pas, les chirurgiens ont recours au prélèvement de cellules cutanées, qui sont ensuite mises en culture en laboratoire, pour produire des fragments de peau à greffer. Dans ce cas, on parle de greffe de culture, selon le Centre romand des brûlés du CHU vaudois (Suisse).
Peau saine : des greffons contenant des corrections de mutations génétiques
Récemment, des scientifiques de l'université de Nagoya (Japon) ont montré que cette technique, à savoir la transplantation de peau génétiquement saine sur des zones lésées, pouvait permettre de traiter les maladies rares de peau, comme l'ichtyose épidermolytique et l'ichtyose à confettis. Ces pathologies incurables sont causées par des mutations dans l'un des deux gènes qui fabriquent la kératine dans la peau, KRT1 ou KRT10. Pour rappel, la kératine est importante pour le maintien de l'intégrité de la peau. Ces mutations entraînent donc une fragilité de la peau qui présente des cloques et forme des plaques épaisses et squameuses.
Afin de parvenir à cette découverte, les chercheurs ont réalisé une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue British Journal of Dermatology. Dans le cadre des recherches, l’équipe a évalué la faisabilité de la transplantation d'autogreffes épidermiques cultivées. Ils ont fabriqué des greffons à partir de taches résultant d'une recombinaison somatique révertante. Il s’agit d’un processus par lequel des changements génétiques spontanés corrigent les mutations en modifiant les gènes à l'origine de l'affection cutanée. Dans ce cas, les zones touchées par ces deux affections cutanées redeviennent ainsi saines.
Aucune récidive de l'ichtyose chez deux patients quatre semaines après la transplantation
Pour les besoins de l’étude, les auteurs ont greffé des cellules cutanées dépourvues de la mutation de la kératine sur les lésions de desquamation des patients. Quatre semaines après la transplantation, deux des patients ne présentaient aucune récidive de l'ichtyose sur l'ensemble de la zone traitée, tandis que le troisième ne présentait aucune récidive sur plus d'un tiers (39,52 %) de la zone lésée.
Malgré le succès initial, 24 semaines après la transplantation, les trois patients ont connu une certaine récurrence de l'ichtyose sur les zones de transplantation. Les chercheurs en ont conclu que "la meilleure utilisation de cette technique consiste à atténuer les symptômes lorsque la maladie est grave et à traiter les symptômes locaux de l'ichtyose dans des régions spécifiques qui affectent la qualité de vie."