- Une nouvelle étude montre que les dommages causés par le rayonnement cosmique galactique et la microgravité pourraient être "catastrophiques" pour le corps humain.
- Dans le détail, les conditions spatiales pourraient "remodeler" les reins et provoquer un rétrécissement des tubules, responsables du réglage précis de l’équilibre en calcium et en sel.
- Les reins de souris exposées à des rayonnements équivalents à des missions sur Mars de deux ans et demi ont subi des dommages permanents et une perte de fonction.
Les reins des astronautes survivraient-ils à un aller-retour vers Mars ? C’est la question que se sont posés des chercheurs de l’University College London (Angleterre). "Des missions spatiales lointaines sont prévues au cours de cette décennie. Pourtant, les conséquences sanitaires de l'exposition à la microgravité et au rayonnement cosmique galactique pendant des vols de plusieurs années sur des organes viscéraux indispensables, tels que le rein, sont largement inexplorées."
Vols spatiaux : un remodelage des reins qui rétrécit les tubules
Pour répondre à leur interrogation, les scientifiques ont ainsi réalisé une étude parue dans la revue Nature Communications. Ils ont mené des évaluations biomoléculaires, physiologiques et anatomiques utilisant des données de 20 précédentes recherches. Cela comprenait des échantillons provenant de plus de 40 missions spatiales en orbite terrestre basse impliquant des êtres humains et des souris, dont la plupart étaient destinées à la Station spatiale internationale, ainsi que 11 simulations spatiales impliquant des souris et des rats. Sept de ces simulations impliquaient des rongeurs exposés à des doses simulées de rayonnement cosmique galactique équivalentes à des missions sur Mars d’un an et demi et de deux ans et demi, imitant un vol spatial au-delà du champ magnétique terrestre.
Les résultats ont montré que les reins des êtres humains et animaux étaient "remodelés" par les conditions spatiales. Après moins d’un mois dans l’espace, l’équipe a observé des tubules rénaux spécifiques, responsables du réglage précis de l’équilibre en calcium et en sel, montrant des signes de rétrécissement. Cela constitue probablement l’un des principaux contributeurs à la formation de calculs rénaux. Elle affirme que la cause probable de ce phénomène est la microgravité plutôt que le rayonnement cosmique galactique. "Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l'interaction de la microgravité et du rayonnement cosmique galactique peut accélérer ou aggraver ces changements structurels."
"Même si un astronaute pourrait se rendre sur Mars, il pourrait avoir besoin d’une dialyse au retour"
Autre constat alarmant : les reins de souris exposées à des rayonnements équivalentes à des missions sur Mars de deux ans et demi ont subi des dommages permanents et une perte de fonction. "Si nous ne développons pas de nouveaux moyens de protéger les reins, je dirais que même si un astronaute pourrait se rendre sur Mars, il pourrait avoir besoin d’une dialyse au retour. Nous savons que les reins sont en retard pour montrer des signes de dommages dus aux radiations, le temps que cela devienne évident, il sera probablement trop tard pour éviter une défaillance, ce qui serait catastrophique pour les chances de succès de la mission", a déclaré Keith Siew, auteur principal des travaux.