- Les piqûres de la veuve noire d’Europe peuvent provoquer le lactrodectisme, une maladie au cours de laquelle le venin de l’araignée, qui contient une neurotoxine baptisée alpha-latrotoxine, attaque le système nerveux.
- Si les symptômes peuvent être traités grâce à des anticorps dérivés de chevaux, des chercheurs ont créé des anticorps entièrement humains qui permettraient de rendre le traitement plus sûr pour l’Homme.
- Au total, 45 des 75 anticorps développés ont réussi à neutraliser in vitro la neurotoxine. "Une première étape pour remplacer les sérums de chevaux", selon les chercheurs.
Récemment observée dans le Sud-Ouest, la Latrodectus tredecimguttatus est une espèce d’araignées plus connue sous le nom de veuve noire d’Europe. Ses piqûres peuvent provoquer le latrodectisme, une maladie au cours de laquelle le venin de l’araignée – plus précisément une neurotoxine baptisée alpha-latrotoxine – attaque le système nerveux et cause des douleurs intenses, des maux de tête, des nausées ou encore de l’hypertension artérielle.
Si les symptômes du lactrodectisme peuvent être traités efficacement grâce à des anticorps dérivés de chevaux, une équipe de chercheurs vient de développer des anticorps entièrement humains qui permettraient de rendre le traitement plus sûr pour l’Homme. Ses travaux ont été publiés dans la revue Frontiers in Immunology.
Des anticorps humains qui neutralisent la neurotoxine de la veuve noire
"De nombreux patients mordus par des veuves noires ne sont pas complètement traités parce que l'antivenin est fabriqué à partir de protéines dérivées de chevaux qui sont étrangères au corps humain et peuvent provoquer des effets secondaires indésirables", comme une maladie sérique ou des réactions allergiques, peut-on lire dans un communiqué. Or, les scientifiques ont réussi à créer, pour la première fois, en laboratoire, des anticorps humains capables de neutraliser le venin de la veuve noire dans un test cellulaire, une "première étape pour remplacer les sérums de chevaux".
Pour ce faire, ils ont utilisé une technique in vitro appelée "exposition sur phage" qui permet d'étudier les interactions entre protéines, peptides et ADN grâce à des bactériophages. "Cette approche utilise des collections de gènes extrêmement diverses de plus de dix milliards d’anticorps différents, détaillent les chercheurs. A partir de cette grande diversité d'anticorps, nous avons pu sélectionner des anticorps qui peuvent se lier à la cible souhaitée, en l’occurrence l’alpha-latrotoxine."
Au total, 45 des 75 anticorps développés ont réussi à éliminer in vitro la neurotoxine, mais c’est un candidat spécifique, appelé MRU44-4-A1, qui a montré les résultats les plus prometteurs et pourrait faire l’objet d’un nouveau traitement thérapeutique.
Dans l'attente d'essais cliniques des anticorps sur l’Homme
A noter toutefois que seulement deux des anticorps en question se sont avérés efficaces contre le venin libéré par d’autres variétés de veuve noire, comme la Latrodectus mactans, qu’on trouve en Amérique du Nord.
"Pour développer un potentiel traitement contre toutes les latrotoxines, et pas seulement celle de la veuve noire européenne, nous aurions besoin d'anticorps 'cross-réactifs' [c’est-à-dire spécifiques à plusieurs antigènes] encore améliorés", affirme le biologiste Michael Hust, auteur principal de l'étude. Il précise que d’autres recherches sont nécessaires pour évaluer l'efficacité des anticorps avant que les essais cliniques sur l’Homme puissent être lancés.