Tirer les leçons du passé, pour ne pas refaire les mêmes erreurs. C’est ce que demandent plusieurs chercheurs au gouvernement américain. Dans les médias, ils alertent sur le manque de tests de dépistage de la grippe aviaire H5N1, alors même que le ministère de la Santé et des Services sociaux du Michigan (MDHHS) a annoncé un nouveau cas le 30 mai dernier.
Les mêmes erreurs qu’au début de la pandémie de Covid-19
"Nous commettons aujourd'hui les mêmes erreurs qu'avec la Covid", indiquait le 4 juin dernier Deborah Birx, l’ancienne coordonnatrice de la stratégie anti-Covid, sous la présidence de Donald Trump, sur CNN .
La transmission de la maladie se fait généralement par contact direct avec un animal infecté. “À l’heure actuelle, dans tous les cas humains avérés de grippe aviaire, les personnes étaient en contact direct avec des volailles infectées et les très rares cas de transmission entre humains du virus H5N1 sont restés épisodiques”, note l’Institut Pasteur. Mais, en cas de pandémie, la contamination pourrait être interhumaine.
Pour Deborah Birx, il faudrait davantage tester les personnes car beaucoup de cas restent asymptomatiques. “Nous avons les technologies pour, assure-t-elle. Une fois encore, nous ne cherchons que les cas symptomatiques. Lorsque nous avons fait ça avec le Covid, le virus s’est répandu.” La crainte est donc que, comme avec la Covid-19, la grippe aviaire se répande sans que les autorités ne le sachent, faute de tests.
Pour l’instant, un test de dépistage est utilisé, celui des Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Mais il ne concerne que les personnes qui travaillent au contact d’animaux de la ferme, lorsqu’ils ont des symptômes.
"Il faut que nous sachions quand [la pathologie est présente] dans les fermes, mais nous n'avons aucune information parce que nous ne regardons pas", faute de test donc, souligne Helen Chu, spécialiste des maladies infectieuses à l'Université de Washington, à Seattle, dans MedicalXpress.
Les raisons du manque de tests de dépistage de la grippe aviaire
Plusieurs freins expliquent cette situation :
- Lenteur dans le déploiement des tests (ce qui était aussi le cas durant la Covid-19).
- Une réticence de certains laboratoires à faire d’importants investissements pour développer ces tests alors que la rentabilité est incertaine.
- Inconnue concernant le remboursement des tests par les compagnies d'assurance en dehors de la saison grippale.
- L’autorisation (pas encore obtenue de la FDA pour les autres laboratoires privés) de faire des tests de dépistage à l’aide de prélèvements oculaires, alors que celui des CDC est basé sur cette technique, plus efficace que les autres méthodes (prélèvements dans le nez ou la gorge).
"Nous devons absolument nous préparer, indique Alex Greninger, directeur adjoint du laboratoire de virologie clinique de l'Université de Washington. Mais tant que le gouvernement n’aura pas pris ses responsabilités, il est difficile d’aller dans cette direction.”