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Interview

Syndrome prémenstruel : “Dans certains cas cela peut être un véritable problème”

Lors du congrès Paris Santé Femmes, nous avons eu l'opportunité d'échanger avec le Dr David Hamid, gynécologue à Strasbourg, sur un sujet qui touche de nombreuses femmes : le syndrome prémenstruel (SPM).

Syndrome prémenstruel : “Dans certains cas cela peut être un véritable problème” Rudzhan Nagiev/istock




Pourquoi Docteur : Qu’est-ce qu’un syndrome prémenstruel ?

David Hamid : Ce sont toutes les modifications physiques et émotionnelles ou en tout cas liées au comportement d’une patiente à l’approche de son cycle, à l’approche des règles.

Vous parlez d’un aspect émotionnel, de quoi s’agit-il ?

Nous sommes gouvernés par nos hormones et dans le syndrome prémenstruel nous arrivons au sommet d’un certain type d’hormones qui sont sécrétées, dont l’effet peut aboutir, d’un point de vue comportemental, à une hyper irritabilité, ou à l’inverse, un état dépressif juste avant les règles, avec le fait de ne pas bien dormir, d’être exaspéré de tout etc. C'est un peu comme si nous avions tourné le bouton du moteur à fond.

Certaines femmes vont avoir un effet multiplié par rapport à d’autres sur leurs humeurs, leurs émotions et tout ce qui est caractéristique de la période avant les règles. 

Quelles sont les hormones impliquées ? 

Dans cette première phase de cycle, ce sont les œstrogènes qui inondent la personne. Les œstrogènes agissent sur un récepteur et il y a des personnes qui ont des récepteurs beaucoup plus avides, des œstrogènes plus sensibles, et cela induit toute une série de conséquences, de nombreuses réactions, parce que nous avons des récepteurs dans le cerveau et un peu partout dans l’organisme. S'il y a une hypersensibilité, cela va donner ce genre de chose.

L’hypersensibilité témoigne-t-elle d’un déséquilibre de ces hormones-là ?

Non, pas forcément d’un déséquilibre. C’est simplement le fait que lorsque l’on active ces récepteurs, certaines femmes vont avoir un effet multiplié par rapport à d’autres sur leurs humeurs, leurs émotions et tout ce qui est caractéristique de la période avant les règles. 

Les femmes peuvent avoir une tension dans la poitrine, parfois douloureuse sous forme de congestion, un gonflement du ventre, etc.

Et les éléments physiques ? 

Les femmes peuvent avoir une tension dans la poitrine, parfois douloureuse sous forme de congestion, un gonflement du ventre, l’impression de faire de la rétention en gonflant littéralement, elles peuvent prendre du poids parce qu’il y a un effet sur la filtration rénale. Tout ceci fait partie des symptômes physiques du syndrome prémenstruel. Ce n’est pas lié à un déséquilibre c’est tout simplement que l’organisme réagit en excès chez certaines personnes comparativement à d’autres. 

À quel moment cet excès peut devenir problématique ?

Quand il aboutit à avoir un impact sur la qualité de vie. Pour le côté relationnel, c'est quand la femme ne peut plus réfléchir de manière sereine, ne peut plus travailler, dormir, supporter les autres… Puis physiquement, cela peut aboutir à une gêne, à des douleurs importantes à chaque cycle où elle sera obligée d’éviter un certain nombre d'activités. 

Le traitement le plus simple est de bloquer l’activité des ovaires par l’intermédiaire d’une pilule.

Qui consulter ?

Il y a certaines femmes qui arrivent à gérer ces symptômes, trouvent des moyens pour s'accommoder et savent que c’est transitoire. Mais dans certains cas, cela peut être un véritable problème et il faut consulter. Il faut vérifier qu’il n’y a pas de déséquilibres hormonaux qui augmentent ce genre de signes et puis qu’il n’y a pas de pathologies ovariennes qui les favorisent. 

Quels sont les traitements ?

Le traitement le plus simple est de bloquer l’activité des ovaires par l’intermédiaire d’une pilule, ou alors parfois, de traiter de manière symptomatique. Par exemple, lorsque la gêne principale est la congestion de la poitrine, on apporte le contrepoids des œstrogènes en excès par la progestérone. 

Cela peut s’installer dès les premières règles comme étant une caractéristique du cycle de la personne.

Y a t-il des périodes de la vie favorisant l’excès de ces SPM ?

Malheureusement, cela peut s’installer dès les premières règles comme étant une caractéristique du cycle de la personne. Une prise de poids peut aussi amener un phénomène de résistance qui va majorer ce genre de petits symptômes qui étaient discrets au départ et qui deviennent alors plus importants. La période d’après la quarantaine, lorsque les ovulations sont moins régulières et moins fréquentes, favorise aussi cela parce que les femmes vont avoir, mécaniquement, un défaut de progestérone avec une hyperœstrogénie relative et cela peut déclencher, chez des femmes qui n’avaient rien auparavant, des symptômes assez désagréables.

Mis à part les périodes de la vie, il y a t-il d'autres facteurs favorisant le SPM ?

Il y a aussi le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) car étant donné que l’ovulation ne se fait pas, il peut y avoir un état d'hyperœstrogénie qui s’installe. Ensuite, cela peut parfois être mélangé à des pathologies organiques, c'est-à-dire que des lésions organiques peuvent générer un vécu de l’imprégnation hormonale de manière douloureuse et congestive, on pense en premier à l’endométriose par exemple. On va aussi le chercher chez une femme qui a un syndrome menstruel associé à des signes émotionnels mais aussi à des signes physiques douloureux. 

Dernière question… En quoi la prise de poids est-elle un facteur favorisant ? 

Ce sont les mécanismes d’action au niveau hormonal, il va y avoir d’autres interférences notamment par le biais de l’insuline qui amène à une insulinorésistance qui peut faire “persister” les signes liés à l’imprégnation œstrogénique.

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