Près de 100.000 infarctus du myocarde sont recensés par an en France. En fonction de l’étendue de la zone asphyxiée et de la rapidité de la prise en charge, l’infarctus du myocarde peut avoir diverses conséquences. Un patient peut notamment souffrir d’une insuffisance cardiaque, c’est-à-dire que le cœur a perdu en force musculaire et ne pompe plus suffisamment de sang pour envoyer de l’oxygène aux organes.
Des cellules souches pour régénérer les tissus endommagés du cœur
CellProthera, une start-up alsacienne, travaille sur une thérapie permettant de réparer les cellules détruites par un infarctus. L’entreprise a récemment présenté les premiers résultats de son essai clinique ExCellent lors du Congrès européen de l’insuffisance cardiaque à Lisbonne, qui a eu lieu du 11 au 14 mai.
"Les thérapies cellulaires ont pour objectif de réparer les zones du cœur abîmées par un infarctus du myocarde, afin que le muscle retrouve sa fonction cardiaque normale", a confié le Professeur Jérôme Roncalli - cardiologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, et principal investigateur de l’essai - à la Dépêche. Selon les informations du quotidien, les chercheurs souhaitent régénérer les tissus endommagés du cœur grâce à l’injection de cellules souches CD34.
Au cours de l’essai clinique, les centres investigateurs, dont sept en France et six en Grande-Bretagne, ont inclu 49 patients, âgés de 55 à 60 ans, ayant vécu un infarctus sévère du myocarde. Près de 16 des volontaires ont bénéficié de la prise en charge classique, soit une réouverture de l’artère avec pose de stent, suivie d’un traitement médicament, tandis que 33 ont reçu, en plus du traitement standard, le traitement par ProtheraCytes, médicament de thérapie innovante mis au point par la start-up alsacienne CellProthera.
Thérapie cellulaire : "une réduction significative de la taille de la zone abîmée par l’infarctus"
Dans le cadre de ces travaux, des cellules souches ont été prélevées chez les patients avant d’être mises en culture pendant neuf jours, afin qu’elles soient multipliées. Les cellules sont alors devenues des "ProtheraCytes", qui ont été injectées dans le cœur des patients via l’artère fémorale. Ces cellules pourraient participer à la revascularisation ainsi qu’à la régénération des cardiomyocytes, les cellules du muscle cardiaque, et favoriser le processus de réparation du tissu myocardique endommagé.
Le suivi, par échographie et imagerie par résonance magnétique (IRM), a duré pendant six mois. Les scientifiques ont alors observé que cinq personnes sur 16 du groupe de contrôle ont été hospitalisées pour insuffisance cardiaque. "Il n’y a eu qu’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque parmi les 33 patients ayant reçu des cellules CD34. Surtout, à six mois, l’IRM du cœur a montré une réduction significative de la taille de la zone abîmée par l’infarctus chez ces 33 patients : le traitement a permis d’éviter la dilatation du cœur et donc l’évolution vers l’insuffisance cardiaque. De même, le marqueur biologique sanguin, qui traduit l’état de l’insuffisance cardiaque, a diminué", a noté le Professeur Jérôme Roncalli.