La démence à corps de Lewy (DCL) est la seconde démence neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d'Alzheimer. Selon les estimations, près de 250.000 personnes en France sont touchées par cette pathologie qui entraîne un déclin des capacités cognitives important. Si aucun traitement n’existe actuellement contre ce trouble, des chercheurs de l’université de l’Iowa avancent que des médicaments couramment utilisés pour traiter l’hypertrophie de la prostate pourraient réduire les risques de développer une démence à corps de Lewy.
Pour cette étude publiée le 19 juin 2024 dans la revue Neurology, l’équipe a utilisé une vaste base de données d'informations sur les patients pour identifier 643.000 hommes ne souffrant pas de démence à corps de Lewy. En revanche, ils avaient tous commencé à prendre l'un des six médicaments utilisés pour traiter l'hyperplasie bénigne de la prostate (hypertrophie de la prostate).
Démence à corps de Lewy : 3 médicaments stimulent la production d’énergie dans les cellules cérébrales
En analysant les effets de ces traitements, les chercheurs ont alors fait un constat étonnant : trois d’entre eux – la térazosine, la doxazosine et l'alfuzosine – stimulent la production d’énergie dans les cellules du cerveau. Or, des études précliniques suggèrent que cette capacité pourrait aider à ralentir ou à prévenir les maladies neurodégénératives comme la démence à corps de Lewy et la maladie de Parkinson.
Après avoir suivi ces participants sur plusieurs années, les scientifiques ont constaté que ces médicaments contre l'hypertrophie de la prostate avaient bien un effet protecteur. "Nous avons constaté que les hommes qui prenaient de la térazosine, de la doxazosine ou de l'alfuzosine étaient moins susceptibles de développer un diagnostic de démence à corps de Lewy", explique l'auteur principal de l'étude, Jacob Simmering dans un communiqué. "Dans l’ensemble, les hommes prenant des médicaments de type térazosine avaient un risque environ 40 % inférieur de développer un diagnostic de DCL par rapport aux hommes prenant de la tamsulosine (médicament contre l'hypertrophie de la prostate n'ayant aucun effet sur la production d'énergie cérébrale, NDLR) et une réduction d’environ 37 % du risque par rapport aux hommes prenant cinq inhibiteurs de l’alpha réductase (autres traitements pour soigner les troubles de la prostate, ndlr)."
Démence à corps de Lewy : un potentiel traitement préventif sûr et peu coûteux
Pour l’équipe, leurs résultats sont particulièrement encourageants, d’autant plus que ces trois médicaments sont déjà autorisés par les autorités sanitaires, peu coûteux et utilisés en toute sécurité depuis des décennies.
"Si la térazosine et ces médicaments similaires peuvent aider à ralentir cette progression, voire à prévenir carrément la maladie, cela serait important pour préserver la fonction cognitive et la qualité de vie des personnes atteintes de démence à corps de Lewy", se réjouit Jacob Simmering.
Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer que l’association observée entre la prise de ces traitements et la réduction du risque de démence à corps de Lewy est bien une relation causale avérée. Par ailleurs, les scientifiques rappellent que les médicaments étant prescrits pour des problèmes de prostate, ils ne savent pas, pour le moment, si leurs résultats s'appliqueraient aux femmes.