ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > La pollution de l'air tue plus que le tabac et la malbouffe

Des millions de décès

La pollution de l'air tue plus que le tabac et la malbouffe

Par Mégane Fleury

En 2021, plus de huit millions de personnes sont décédées à cause de la pollution de l’air. C’est un facteur de risque de décès plus important que le tabac ou la malbouffe.  

tatisol/ISTOCK
La pollution de l'air est le deuxième facteur de risque de décès dans le monde, après l'hypertension.
Elle est aussi responsable de nombreuses maladies chroniques et de cancers.
La pollution atmosphérique augmente également le risque de maladie et de décès chez les enfants de moins de 5 ans.

Nous vivons dans des environnements trop pollués. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 99 % de la population mondiale vivaient dans des endroits où les seuils préconisés relatifs à la qualité de l’air n’étaient pas respectés, en 2019. Or la pollution atmosphérique a de graves conséquences sur notre santé. Selon le dernier rapport State of Global Air (SoGA), elle a provoqué 8,1 millions de décès dans le monde en 2021 et constitue le deuxième facteur de risque de décès, après l’hypertension artérielle et avant le tabac ou la malbouffe.

Cette publication est le résultat de la collaboration entre différents instituts, scientifiques et organismes, avec pour objectif d’établir "une analyse complète des niveaux et des tendances en matière de qualité de l'air et de santé pour chaque pays du monde". 

La pollution de l'air, un facteur de risque de décès et de maladie chronique 

Cette cinquième édition du rapport révèle les effets nocifs de certains polluants, comme les particules fines extérieures (PM2,5), la pollution de l’air domestique, l’ozone (O3) et le dioxyde d’azote (NO2). Au total, les données de plus de 200 pays et régions du monde ont été intégrées aux recherches. "Pratiquement tous les habitants de la planète respirent chaque jour des niveaux de pollution atmosphérique nocifs, avec des répercussions considérables sur la santé", observent les auteurs dans un communiqué. Au-delà des décès, l’exposition à ces polluants est responsable de "maladies chroniques invalidantes pour des millions de personnes, ce qui pèse lourdement sur les systèmes de santé, les économies et les sociétés".

Les auteurs du rapport observent que plus de 90 % des décès sont liés aux PM2,5. "Ces particules fines, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, sont si petites qu’elles restent dans les poumons et peuvent pénétrer dans la circulation sanguine, affectant de nombreux systèmes organiques et augmentant les risques de maladies non transmissibles chez les adultes, telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, le cancer du poumon et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)", développent-ils.  

Plus de 700.000 enfants de moins de cinq ans sont décédés à cause de la pollution atmosphérique 

Ces risques de maladie et de décès ne concernent pas uniquement les adultes. Pour la première fois, le rapport a été réalisé en partenariat avec l’Unicef et cela a permis de comprendre les effets de la pollution atmosphérique sur les plus jeunes. "Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables, avec des effets sur leur santé tels que des naissances prématurées, une insuffisance pondérale à la naissance, de l’asthme et d’autres maladies pulmonaires, note le document. En 2021, l’exposition à la pollution atmosphérique a été impliquée dans plus de 700.000 décès d’enfants de moins de cinq ans, ce qui en fait le deuxième facteur de risque de décès dans le monde pour cette tranche d’âge, après la malnutrition." 500.000 décès étaient consécutifs à la pollution de l’air domestique, provoquée par les cuissons en intérieur avec des combustibles polluants. 

Pollution de l'air : une menace pour des millions de personnes 

Si la mortalité infantile liée à la pollution est encore très importante dans le monde, le rapport précise que le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a chuté de 53 % depuis 2000, "en grande partie grâce aux efforts visant à élargir l’accès à une énergie propre pour la cuisine, ainsi qu’à l’amélioration de l’accès aux soins de santé, à la nutrition et à une meilleure sensibilisation aux effets néfastes de l’exposition à la pollution de l’air domestique". Les auteurs se réjouissent de ces progrès notables, mais estiment qu’il est possible, et nécessaire, de "faire plus pour que la pollution atmosphérique ne figure plus en haut de la liste des risques sanitaires qui menacent la vie de millions d’individus".