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QUESTION D'ACTU

Semaine de sensibilisation à la SLA

SLA : “Jusqu’à présent, nous avions une impression de fatalité alors qu’il y a quand même de l’espoir”

À l’occasion de notre semaine spéciale consacrée à la sclérose latérale amyotrophique, Pourquoi docteur fait le point sur les traitements et les avancées de la recherche avec le Pr Claude Desnuelle, vice-président de l’ARSLA.

SLA : “Jusqu’à présent, nous avions une impression de fatalité alors qu’il y a quand même de l’espoir” mi-viri/Istock




Pourquoi docteur : Quelles sont actuellement les possibilités de traitement en France pour les personnes atteintes de la sclérose latérale amyotrophique ?

Pr Claude Desnuelle : Aujourd’hui, -à part le Tofersen dont nous parlerons ensuite- nous n’utilisons que le Riluzol depuis les années 90 car les recherches ont montré qu’il prolongeait la survie des patients. Je soulignerais tout de même qu’il y a bien d’autres médicaments dont on a montré qu’ils prolongeaient la survie… Mais cela dépend de la façon dont on a fait les études. Par exemple, pour le Relyvrio que nous avons un peu utilisé l’année dernière, certaines études montraient qu'il prolongeait la survie de façon phénoménale puis d'autres ont finalement montré que non, donc nous avons tout arrêté.

SLA : "j’ai vu depuis 20 ans des essais thérapeutiques dans tous les sens"

Quelles sont les difficultés des chercheurs pour trouver un traitement contre cette maladie neurodégénérative ?

D’une part, j’ai vu depuis 20 ans des essais thérapeutiques dans tous les sens. Jusqu’à peu, 5 ou 6 ans environ, pour qu’un médicament soit utilisé en essai thérapeutique dans la SLA, il fallait prouver qu’il était efficace sur un modèle de souris avec une mutation particulière… Mais nous nous sommes finalement aperçu que l’on guérissait et améliorait des générations de souris sans réussir à traiter un seul humain avec ce principe. Donc il faut croire que ce principe du modèle murin était mauvais.
Par ailleurs, nous considérons qu'il y a deux grandes causes à traiter dans la SLA, mais sans réussir à y parvenir :
-L’inflammation présente dans les cellules qui entourent les neurones moteurs et qui contribue largement à l’évolutivité de la maladie et à sa progression rapide. L’idée est donc d’obtenir des molécules qui luttent contre cette inflammation, mais nous n’avons pas trouvé grand-chose depuis six ans.
-Les mécanismes énergétiques : nous considérons que les neurones moteurs perdent de la capacité à fabriquer de l’énergie et fonctionnent alors moins bien, donc nous recherchons des médicaments qui ont pour but de booster ce système énergétique cellulaire. Là encore, l’expérience montre que nous ne sommes pas allés très loin, si ce n’est quelques molécules.

Trouver un remède semble donc quasi mission impossible…

Jusqu’à présent nous avions une impression de fatalité, une maladie sur laquelle nous ne pouvions rien, alors qu’il y a quand même de l’espoir, notamment sur les formes génétiques. Aujourd’hui, elles ne représentent que 10 % à 15 % des SLA, mais nous espérons qu’il en existe bien plus ! 90 % de ces malades se partagent quatre gènes, et pour les 10 % restants, ce sont des mutations extrêmement rares.

Tofersen : "une thérapie génique qui se fait par injection tous les mois directement dans la moelle épinière"

Parmi ces quatre mutations connues, nous avons maintenant un médicament dont nous sommes pratiquement sûrs qu'il est efficace pour l’une d’entre elles car il corrige les effets de la mutation dans le gène : c’est le Tofersen, dont le nom commercial est le Qalsody®. En principe, l’EMA devrait donner une autorisation d’utilisation dans les mois qui viennent. Actuellement, il est déjà accessible en accès dérogatoire en France chez les patients dont nous avons détecté la mutation. Il peut également être donné dans la famille à des personnes dont nous avons trouvé cette mutation, et ce, même si la SLA ne s'est pas encore déclarée. Nous nous sommes aussi aperçus que ce traitement était capable d’amener le patient vers la guérison, chose considérée, jusqu’à peu, comme miraculeuse dans la SLA. C’est une thérapie génique qui se fait par injection tous les mois directement dans la moelle épinière, en ponction lombaire.

Et pour les trois autres gènes connus, avons-nous un espoir de traitement ?

Actuellement, il y a des tas d’essais pour ces trois autres gènes. Ces essais vont nous amener à quelque chose dans les mois, voire les années qui viennent. Le jour où nous pourrons traiter 10 % des SLA, cela sera déjà un progrès fantastique.

Pour ces formes génétiques, nous trouverons très probablement des traitements.

Pouvons-nous imaginer qu’il y ait plus de formes génétiques de la maladie que celles que nous connaissons actuellement ?

Ce que nous faisons de plus en plus maintenant en France, c’est qu’en supplément du test génétique pour savoir si la SLA est liée à une forme génétique connue, nous séquençons systématiquement tout le génome du patient pour l’étudier. Grâce à cette technique, nous allons sans doute trouver des mutations inconnues jusqu’à maintenant. Même s’il n’y aura certainement pas 100 % des formes qui seront génétiques, nous pouvons espérer que cette proportion de 15 % montera à 30-35 %. Et pour ces formes génétiques, nous trouverons très probablement des traitements.

Aujourd’hui, nous savons qu’il n’y a pas une SLA mais des SLA. En quoi cela pourrait-il changer la donne pour traiter les malades ?

Cela faisait plus de 20 ans que nous pédalions complètement parce que nous n’avions pas cette notion… Nous la ressentions, en tant que médecins et chercheurs, mais nous ne l’avions pas démontrée. Maintenant que nous savons qu’il y a bien des SLA différentes, si nous parvenons à les distinguer et à faire des essais thérapeutiques ciblés selon le marqueur présent, je pense que nous aurons beaucoup plus de réussite d’un point de vue thérapeutique. En effet, il est évident que s’il y a des malades porteurs de maladies différentes et que vous leur donnez le même traitement, statistiquement cela va répondre une fois et puis une autre fois, cela ne répondra pas. Malheureusement, pour l’instant, nous n’avons pas de marqueur pour identifier ces malades.

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