- La taille de la pupille adaptée à l’éclairage est déterminée par le niveau de luminosité et elle diminue avec l’âge, plus précisément d'environ 0,4 millimètre par décennie.
- Une réduction de la dilatation de la pupille "peut jouer un rôle défavorable sur la qualité générale de la vie et du travail."
- Les personnes âgées disposent aussi moins de lumière pour leur horloge circadienne, ce qui a un impact sur le bien-être physique et le sommeil.
Lorsque l’on conduit le soir, les véhicules venant en sens inverse peuvent nous éblouir et altérer notre vision. Il arrive même que l'on ne distingue plus que les bords de la route, le terre-plein central ou les piétons. Bien que ce type de situation n'affecte pas uniquement les personnes âgées, leurs pupilles semblent réagir avec moins d'agilité que celles des adultes plus jeunes à des stimuli lumineux changeant de manière dynamique.
La largeur de la pupille diminue d'environ 0,4 millimètre par décennie
Pour vérifier cette hypothèse, des scientifiques de l'université de Bâle (Suisse) ont mené une étude, publiée dans la revue Royal Society Open Science, au cours de laquelle ils ont recruté 83 femmes et des hommes âgés de 18 à 87 ans. Les participants ont été équipés d'un oculomètre vidéo portable personnalisé et d'un spectroradiomètre mesurant l'irradiation spectrale proche de la cornée. Ensuite, ces derniers ont été exposés à diverses situations quotidiennes dans des conditions d'éclairage typiques au cours de la journée : à l'intérieur avec de la lumière artificielle et naturelle, au travail sur un ordinateur avec un écran LED et à l'extérieur lors d'une promenade à la lumière naturelle. En laboratoire, les volontaires ont aussi été exposés à une lumière artificielle de différentes longueurs d'onde (rouge, verte, bleue et blanche) et la dilatation de leurs pupilles a été évaluée afin de pouvoir la comparer et la contrôler par rapport à d'autres tests.
"Nos résultats montrent que la taille de la pupille adaptée à la lumière est déterminée par le niveau de luminosité et confirment l'hypothèse selon laquelle la capacité de la pupille à s'adapter à des situations lumineuses variables diminue avec l'âge", ont déclaré les auteurs. D’après leur analyse, la largeur de la pupille diminue d'environ 0,4 millimètre par décennie. Ainsi, les jeunes voient mieux les environnements faiblement éclairés que les personnes plus âgées en raison de la plus grande agilité de leurs pupilles.
Une baisse de la dilatation de la pupille joue "un rôle défavorable sur la qualité de la vie"
Pour rappel, lorsque la lumière pénètre dans l'œil, la pupille fonctionne comme l'ouverture d'un appareil photo et la rétine comme un capteur sensible à la lumière. Selon l’équipe, si l'incidence de la lumière devient trop élevée, la perception visuelle correspondra à une surexposition. S'il n'y a pas assez de lumière, il y aura sous-exposition.
"À la maison ou au travail, la baisse de l'acuité visuelle peut jouer un rôle défavorable sur la qualité générale de la vie et du travail en raison de la réduction de la dilatation de la pupille. Si l'œil doit s'adapter rapidement à des niveaux de luminosité changeants, un éclairage trop contrasté à l'extérieur d'une maison la nuit ou dans un escalier peut entraîner un risque de trébuchement. Sur le lieu de travail, un environnement bien éclairé sans éblouissement peut aider les personnes qui doivent réagir rapidement ou qui ont besoin d'un haut niveau de concentration", a expliqué Manuel Spitschan, auteur principal des travaux.
Un impact sur le rythme veille-sommeil des personnes âgées
Les résultats ont aussi révélé que les personnes âgées disposaient de beaucoup moins de lumière pour leur horloge circadienne. Cela a un impact sur le bien-être physique, en particulier sur la qualité du sommeil. "Nous savons que les personnes âgées sont plus vulnérables aux perturbations de leur cycle veille-sommeil. Notre étude montre que la dose de lumière dont nous avons besoin pour préserver notre santé et notre bien-être peut devoir être ajustée à mesure que nous vieillissons, bien qu'il soit également prouvé que notre cerveau s'adapte. Les recherches à venir permettront de déterminer comment transformer ces données en recommandations applicables à tous, jeunes et personnes âgées", ont conclu les chercheurs.