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Développement de l’enfant

TDAH : les plus jeunes élèves sont souvent diagnostiqués à tort

Par Mégane Fleury

Dans une classe de même niveau scolaire, les enfants les plus jeunes, soit ceux nés en fin d’année, ont plus de risque de recevoir un diagnostic de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).  

Smederevac/ISTOCK
Les enfants nés en fin d’année ont plus de risque de suivre des séances d’orthophonie ou de prendre un traitement contre le TDAH, en comparaison à ceux de la même classe, nés en début d’année.
Il y aurait un biais de diagnostic du TDAH et des troubles du langage et de l’apprentissage.
Les exigences envers les jeunes enfants seraient plus élevées, en matière de développement et d’apprentissage.

Dans une classe, l’âge exact des enfants compte. D’après une étude menée par le groupement GIS EPI-PHARE, une collaboration entre la Caisse nationale d’Assurance Maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament, les enfants nés en fin d’année sont plus à risque d’être diagnostiqués pour des troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou pour des troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA), en comparaison à ceux nés en début d’année. 

TDAH : les enfants les plus jeunes sont plus à risque ?

Ce constat repose sur l’analyse des données de plus de quatre millions d’enfants, âgés de 5 à 10 ans. Les auteurs de la recherche se sont intéressés à la fréquence des traitements par méthylphénidate, un médicament utilisé en cas de TDAH, et des séances d’orthophonie, également indiquées en cas de TDAH ou de troubles du langage. Pour comprendre les effets précis de l’âge, les chercheurs ont comparé les données selon le mois de naissance dans une classe de même niveau scolaire.

"Parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55 % de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate et 64 % de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie que ceux nés en janvier de la même année", concluent-ils. Il y a une corrélation entre ce risque et le mois de naissance : plus le mois de naissance est en fin d'année, plus la probabilité est élevée. Comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7 % de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9 %, ceux de juillet 29 %, ceux d’octobre 46 % et ceux de décembre 55 %. Ce constat est identique pour les séances d’orthophonie : plus l’enfant est né tard dans l’année, plus son risque de suivre des séances d’orthophonie est élevé, en comparaison à un enfant de la même classe né au mois de janvier. 

Un biais de diagnostic des troubles du langage et de l’attention ?

Selon eux, ses résultats pourraient être la conséquence d’un "biais de diagnostic" du TDAH et des troubles spécifiques du langage et des apprentissages. Les natifs de fin d’année seraient moins matures que ceux de début d’année, même s’ils ont le même niveau scolaire. "Les plus jeunes enfants d’une classe, avec une moindre maturation neurologique liée à l’âge réel, pourraient être confrontés à des exigences trop élevées, particulièrement au cours des premières années d’école, estiment-ils. À l’entrée au CP, un enfant de 6 ans et 8 mois a vécu 13 % d’année de vie supplémentaire qu’un enfant de 5 ans et 9 mois." Cette différence d’âge vécu pourrait conduire à un excès de diagnostic pour les enfants de la fin d’année et, inversement, à un défaut de diagnostic pour ceux du début de l’année. 

Diagnostic du TDAH : Comment limiter les effets de l’âge relatif ? 

Pour obtenir un diagnostic plus juste, il existe plusieurs solutions. Les auteurs de l’étude soulignent que dans des pays où l’âge d’entrée à l’école est plus flexible (Danemark, Australie, Israël, Écosse), cet effet dit "d’âge relatif" sur le TDAH est moins fréquemment observé. "Les enseignants, les médecins prescripteurs et les orthophonistes devraient être conscients de la possibilité qu’une immaturité relative liée à l’âge réel (et non par rapport à ses camarades de classe) soit diagnostiquée par excès comme un TDAH ou un trouble spécifique du langage et des apprentissages et ajuster leurs pratiques d’enseignement, de diagnostic et de prise en charge thérapeutique en conséquence", recommandent-ils.