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Neurogenèse

Stress post-traumatique : et si le sport aidait à oublier des souvenirs traumatisants ?

Par Geneviève Andrianaly

L'exercice stimule la croissance des neurones et remodèle des circuits de l'hippocampe, ce qui perturbe la mémoire liée à la peur.

gpointstudio/iStock
En faisant de l’exercice physique, la neurogenèse, c’est-à-dire le processus de formation de nouveaux neurones, est stimulée dans l'hippocampe.
Cette génération de nouveaux neurones perturbe la mémoire liée à la peur et permet ainsi d’oublier les événements traumatisants ayant déclenché un syndrome du stress post-traumatique.
Cependant, la neurogenèse et le remodelage des circuits de l'hippocampe stimulés par le sport ont "moins d'effet sur l'humeur ou les émotions."

Le syndrome du stress post-traumatique (SSPT) est un trouble psychiatrique qui peut être déclenché par l’expérience ou la vision d’un événement traumatisant, tel qu’une catastrophe naturelle, un accident grave, une prise d’otage ou une attaque. Il se manifeste par des flash-backs vifs et des comportements d'évitement, comme le fait rester à l'écart des lieux ou repousser les personnes qui leur rappellent l'événement traumatisant. Actuellement, ce trouble est traité par la psychothérapie ou des médicaments, tels que des antidépresseurs, mais de nombreux patients n'y réagissent pas efficacement.

Deux chocs puissants dans des contextes différents ont déclenché le SSPT chez les souris

Dans une récente étude, publiée dans la revue Molecular Psychiatry, des chercheurs des universités de Toronto (Canada) et de Kyushu (Japon) ont ainsi voulu savoir si la neurogenèse, c’est-à-dire le processus de formation de nouveaux neurones, dans l'hippocampe, avait un impact sur la capacité à oublier les souvenirs traumatisants. Pour rappel, l'hippocampe, une région cérébrale importante pour la formation de souvenirs liés à des lieux et à des contextes spécifiques, produit quotidiennement de nouveaux neurones dans une zone appelée "gyrus denté".

Pour en avoir le cœur net, ils ont mené une expérience sur des souris. L’équipe a administré aux rongeurs deux chocs puissants dans des contextes différents. Dans un premier temps, les animaux ont été choqués après avoir quitté une boîte blanche bien éclairée et être entrés dans un compartiment sombre et parfumé à l’éthanol. Après le deuxième choc dans un autre environnement distinct, les souris ont montré des comportements similaires à ceux du syndrome du stress post-traumatique. Plus d'un mois plus tard, elles étaient toujours craintives et hésitaient à entrer dans le compartiment sombre d'origine, ce qui indique qu'elles ne pouvaient pas oublier le souvenir traumatisant. Cette peur s’est étendue à d’autres compartiments sombres, témoignant d’une peur généralisée. En outre, les souris exploraient moins les espaces ouverts et évitaient le centre, ce qui suggère une anxiété.

L’exercice physique a stimulé la neurogenèse et réduit la gravité des comportements liés au SSPT

Ensuite, les scientifiques ont analysé si ces comportements pouvaient être atténués par l’exercice physique, qui stimulerait la neurogenèse selon d’autres recherches. Les rongeurs qui ont reçu deux chocs puissants ont été divisés en deux groupes et un groupe a bénéficié d’une roue d’activité. Quatre semaines plus tard, les animaux ayant fait de l’exercice présentaient un nombre accru de neurones nouvellement formés dans leurs hippocampes. Autre constat : les comportements liés au syndrome de stress post-traumatique étaient moins graves que ceux des souris n’ayant pas eu accès à la roue.

"Il se pourrait que la neurogenèse et le remodelage des circuits de l'hippocampe perturbent la mémoire de la peur, mais aient moins d'effet sur l'humeur ou les émotions. L'exercice a également des effets physiologiques plus larges, qui peuvent contribuer aux meilleurs résultats observés", a expliqué Risako Fujikawa, auteur principal de l’étude. Dans le cadre de futurs travaux, les auteurs envisagent de trouver un médicament capable de stimuler la neurogenèse ou le remodelage de l'hippocampe, dans l'espoir qu'il pourrait être testé comme traitement potentiel du syndrome stress-post traumatique.