30 % des plus de 65 ans sont concernés par le syndrome d’apnées du sommeil, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les patients qui souffrent du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) ont des interruptions répétées et incontrôlées de la respiration pendant la nuit qui se traduisent par des micros-réveils. Cela perturbe leur sommeil et a des conséquences sur leur vie quotidienne.
Pour traiter le SAHOS, le traitement de référence est la ventilation en pression positive continue (PPC). Concrètement, les patients doivent porter un masque, lié à une machine, qui leur administre de l’air pendant la nuit. Ce traitement, lourd au quotidien, "conduit une personne sur deux à abandonner l’utilisation de la PPC au bout de 3 ans”, selon l’Inserm. "Nous savons que les gens n'utilisent pas beaucoup ou pas du tout l'appareil, ou qu'ils l'enlèvent au milieu de la nuit et laissent, la plupart du temps, leurs apnées du sommeil graves non traitées", indique Ronald Grunstein, chercheur à l'université de Californie à San Diego (États-Unis).
Diabète de type 2, obésité : le tirzepatide imite l'effet de l’hormone GLP-1
Récemment, le scientifique et son équipe ont découvert un médicament qui pourrait bien révolutionner le traitement du SAHOS : le tirzepatide, déjà utilisé pour les personnes atteintes de diabète de type 2 et d’obésité. Celui-ci imite l'effet de l’hormone GLP-1, qui élimine le glucose après avoir mangé. L’étude a été publiée dans la revue New England Journal of Medicine.
Lors de leurs travaux, les chercheurs ont administré à 469 patients du tirzepatide par injection pendant environ un an. Certains participants ne recevaient pas de traitement alors que d’autres en suivaient un avant l’essai clinique. Pour vérifier l’efficacité du traitement, le principal critère était la modification de l’indice d’apnée-hypopnée (IAH), c’est-à-dire le nombre d'interruptions ou de diminutions de la respiration pendant une heure de sommeil.
Une réduction de 60 % de l’apnée du sommeil grâce au tirzepatide
Après le traitement, les scientifiques ont observé une diminution de l’IAH, de l’ordre de 20 interruptions ou diminutions de la respiration en moins par heure sur les 50 observées initialement. Ce chiffre est de 24 chez les patients qui ont déjà utilisé la ventilation PPC. En moyenne, l’apnée du sommeil a été réduite 60 %.
Cet effet serait principalement dû à la perte de poids, indiquent les auteurs. En effet, lorsque le SAHOS est diagnostiqué, les médecins recommandent aux patients de suivre des mesures hygiéno-diététiques, dont la perte de poids. Selon l’Inserm, une "réduction de 10 à 15 % du poids initial réduit nettement la sévérité des apnées du sommeil”.
"Je pense qu'il s'agit d'une avancée importante, développe Ronald Grunstein. C'est le premier médicament à montrer un tel degré d'efficacité dans la gestion de l'apnée du sommeil, avec en plus une réduction de la pression artérielle, des lipides, un contrôle de la glycémie, etc." Avant qu’il ne soit prescrit aux patients souffrant de SAHOS, le tirzepatide devra encore prouver son efficacité lors de nouveaux essais cliniques.