Deux réveillons en une semaine c’est diététiquement ridicule, mais ces agapes ont une signification profonde. Faites confiance aux psychiatres, ils peuvent vous l’expliquer !
Le réveillon de Noël est, paraît-il, notre vrai dernier rite païen, indépendant de sa signification religieuse. On dit même que les origines du mot Noël sont gauloises. C’est donc un événement fêté, quelles que soient les croyances, même d’ailleurs si l’on en n’a aucune. C’est, en fait, la dernière manifestation imposée face au dispersement que l’on constate aujourd’hui dans beaucoup de familles. On pourrait penser que c’est un moment plutôt positif. Et bien non ! Les psychiatres le savent bien, c’est souvent un facteur générateur d’angoisse.
Nous avons tous le souvenir de nos émerveillements d’enfant devant l’attente du père Noël… Mais, là, je parle des réveillons et non pas de l’attente du matin de Noël. Qui n’a jamais vécu de réveillon qui dégénère ? C’est vrai que ce n’est pas toujours facile de revoir sa grand-mère après un troisième divorce, ou d’arriver à ce repas avec quelqu’un du même sexe que soi. Mais, il faut aussi rappeler que c’est également un rite de passage, une fête d’intérieur ou, quoiqu’on pense, les racines retrouvent un peu de vitalité.
Un bon réveillon est donc toujours la synthèse entre l’ennui de la fête obligée et le plaisir de retrouvailles. Avec un piège qui s’appelle l’alcool, qui contrairement à ce que pensent certains, n’est pas un bon reméde contre l’anxiété. C’est surtout un désinhibiteur. Un vrai médicament contre les inhibitions, qui lâche le frein des arbalètes de la franchise et de son complément, la méchanceté. Rien de plus difficile à gérer que les différences de réussite, les différences de bonheur. La famille est souvent le miroir de la réalité. Un miroir beaucoup moins déformant et complaisant que celui des amis.
On dit également que toute famille a un secret. Plus ou moins grave, mais un secret. Et que le réveillon de Noël est celui où se brise la majorité des secrets. Autant qu’après une disparition. D’ailleurs le réveillon le plus particulier est toujours celui qui suit le décès d’un des ancêtres. C’est un moment paraît-il extrêmement important car, contrairement à ce que pensent les météorologues, Noël est le symbole du passage du noir à la lumière, le symbole de la vraie fin de l’hiver. C’est un moment où l’on pense à qui est là et qui ne sera plus là.
Quant au réveillon du premier de l’an, il est aussi empreint de nostalgie. Mais, je vais vous rassurer, le réveillon du premier de l’an est, par définition une fête beaucoup moins chargée d’histoire et de symbolique. C’est une fête d’identité très différente parce qu’elle se tient avec ses amis. Elle est donc importante car résolument tournée vers l’avenir. Alors en résumé, on pourrait dire que Noël c’est là d’où l’on vient et la St Sylvestre c’est là où on va !
Quant au sapin de Noël, il a lui aussi une lointaine origine païenne. Les arbres à feuilles persistantes symbolisaient la vie éternelle. Les conifères, le laurier, le houx et le gui furent associés aux rites et aux superstitions suivant le lieu et le moment. Le rite du père Noël, lui, est en revanche beaucoup plus moderne. Moins de deux cents ans, mais les psychiatres estiment que cette tradition et celle des cadeaux sont précisemment l’expression de cette peur que j’évoquais il y a un instant et de sa protection. Le père Noël vient du ciel, là où tout imaginaire est autorisé. C’est d’ailleurs le moment des cadeaux. La psychiatrie dit que l’on fait revivre ses ancêtres.