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Santé publique

Trop de bactéries multirésistantes aux antibiotiques chez les enfants d'Afrique subsaharienne

Des chercheurs suisses ont dévoilé des chiffres alarmants sur les proportions élevées d’enfants sud-africains porteurs de bactéries multirésistantes aux antibiotiques. 

Trop de bactéries multirésistantes aux antibiotiques chez les enfants d'Afrique subsaharienne Bet_Noire/IStock




L'ESSENTIEL
  • La résistance aux antibiotiques se traduit par une bactérie en mesure de résister à l’action d’un antibiotique.
  • Des chercheurs suisses ont identifié des proportions très élevées d’enfants porteurs de souches bactériennes multirésistantes en Afrique subsaharienne.
  • Selon les résultats de ces travaux, environ 32,2 % des enfants étaient porteurs d’entérobactéries résistantes aux céphalosporines à large spectre, une classe d’antibiotiques.

"La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement", avait alerté l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2020. L’antibiorésistance désigne la capacité d’une bactérie à résister à l’action d’un antibiotique.

En Afrique subsaharienne, cette problématique est particulièrement importante. Ce pays détient le taux le plus élevé de décès attribué à la résistance aux antibiotiques, notamment chez les enfants et les nouveau-nés. Deux études, réalisées par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Université de Genève (UNIGE), ont notamment observé des taux très élevés d’enfants porteurs de souches bactériennes multirésistantes. Ces travaux ont été publiés dans la revue The Lancet.

Une résistance de 92,5 % à l’ampicilline

Lors de la première étude, les scientifiques ont estimé la proportion d’entérobactéries, présentes dans le tube digestif, résistantes aux antibiotiques chez les enfants en Afrique subsaharienne. 

Des proportions élevées de résistance à l’ampicilline et à la gentamicine, deux antibiotiques souvent prescrits en cas de septicémie, ont été observées chez les enfants. Ces taux ont atteint respectivement 92,5 % pour l’ampicilline et 42,7 % pour la gentamicine dans le cas d’une infection à E.coli. "Les souches de Klebsiella spp, toujours résistantes à l’ampicilline, présentaient des proportions de résistance de 77,6 % à la gentamicine. Les entérobactéries analysées montraient également des proportions élevées de résistance aux céphalosporines de troisième génération, qui représentent la 2e ligne de traitement du sepsis [septicémie] de l’enfant, avec respectivement 40,6 % des échantillons d’E. coli et 84,9 % des échantillons de Klebsiella spp résistants. Ces résultats suggèrent donc une proportion très élevée de résistance aux antibiotiques recommandés en première et deuxième lignes pour les septicémies de l’enfant", peut-on lire dans un communiqué.

Dans le cadre de la seconde recherche, les équipes suisses ont évalué la prévalence du nombre d’enfants colonisés par des entérobactéries résistantes aux céphalosporines de 3ème génération. "Le terme colonisation désigne le fait de retrouver des bactéries dans les selles d’un enfant, sans infection existante", ont indiqué les chercheurs. Ces travaux ont notamment montré que 53,8 % des enfants entrés à l’hôpital sans être porteurs d’entérobactéries résistantes sont ressortis positifs pour ces bactéries.

Sur une cohorte de 9.408 enfants, environ 32,2 % étaient porteurs d’entérobactéries résistantes aux céphalosporines à large spectre. "Ces proportions sont très élevées et inquiétantes. En effet, ces traitements sont donnés en deuxième ligne lorsque ceux de première ligne ont échoué. Or, il n’y a souvent pas d’autres options thérapeutiques disponibles dans cette région en cas d’échec", a alerté la Professeure Annick Galetto-Lacour, responsable des deux méta-analyses, médecin adjointe agrégée au Service d’accueil et d’urgences pédiatriques des HUG.

Un usage excessif des antibiotiques

En Afrique subsaharienne, les infections bactériennes sont la principale cause des décès. Entre 83 % et 100 % des enfants hospitalisés sont traités avec des antibiotiques dans cette région même en l’absence de preuve démontrant qu’il s’agit d’une infection bactérienne. "En Afrique subsaharienne, la majorité des structures médicales n’a pas accès aux marqueurs inflammatoires qui peuvent aider à distinguer une infection bactérienne, nécessitant des antibiotiques, d’une infection virale. Elles n’ont pas non plus la possibilité de réaliser des cultures et ne peuvent donc ni identifier correctement les espèces bactériennes, ni réaliser des tests de susceptibilité antimicrobienne. C’est le serpent qui se mord la queue, car l’usage abusif des antibiotiques augmente la proportion de bactéries résistantes qui vont être plus difficiles à traiter", a souligné la Docteure Noémie Wagner, médecin adjointe agrégée, à l’Unité d’infectiologie pédiatrique des HUG. Pour les chercheurs, ces résultats prouvent le besoin d’actions ciblées pour gérer et réguler la résistance aux antibiotiques en Afrique subsaharienne.

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