Rougeole, coqueluche, tuberculose, dengue ou encore choléra : toutes ces maladies infectieuses se transmettent davantage depuis la pandémie de Covid-19. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude menée par la société Airfinity et l’agence de presse Bloomberg News, fondée sur les données de soixante organisations et agences de santé publique.
Les équipes de chercheurs ont mis en évidence une augmentation des cas d’au moins treize maladies infectieuses à travers le monde depuis 2019. "Plus de 40 pays ou territoires ont signalé au moins une résurgence de maladies infectieuses – dix fois ou plus par rapport à leur niveau de référence pré-pandémique", annonce un communiqué de presse.
La résurgence de maladies infectieuses due à une vaccination en baisse
"Notre étude révèle que les épidémies actuelles peuvent être attribuées à trois facteurs principaux. Le premier est la baisse des taux de vaccination." La rougeole, la polio, la tuberculose et la coqueluche peuvent en effet être évitées grâce à un vaccin. Mais la couverture mondiale de vaccination contre la rougeole, par exemple, a diminué, avec 20 pays d'Europe tombant en dessous de 90 % en 2022, y compris le Royaume-Uni (87 %) "qui connaît actuellement une épidémie nationale". L'Autriche, elle, connaît "sa pire épidémie de rougeole jamais enregistrée", et le Danemark, le Canada, l’Irlande et les Pays-Bas sont sur la mauvaise voie.
"Les enfants non vaccinés sont les plus à risque de la résurgence de maladies comme la rougeole, la coqueluche et la poliomyélite, plus graves pour les nourrissons et les jeunes enfants que pour la population générale, soulignent les chercheurs. Il est crucial de garantir des taux de vaccination suffisants pour empêcher ces groupes vulnérables de tomber gravement malades."
Deuxième facteur, le déclin global de l’immunité de la population pendant les années de pandémie. Les confinements et autres "restrictions des interactions sociales ont empêché la circulation d’agents pathogènes comme la grippe, le virus respiratoire syncytial (VRS), la Mycoplasma pneumoniae et le streptocoque du groupe A invasif (SGA)". Avec, pour résultat, une résurgence des maladies "attribuée en grande partie à des populations plus sensibles".
Près de la moitié de la population mondiale à risque d'infection de dengue
Le dérèglement climatique, enfin, a favorisé la propagation d’agents pathogènes et de certaines maladies infectieuses dans de nouveaux territoires. A commencer par le choléra, dont l’épidémie se poursuit à Mayotte avec 193 cas depuis mars, et la dengue, maladie tropicale transmise par le moustique tigre dont les cas importés se multiplient dans l’Hexagone. Record en Argentine, où le nombre de cas de dengue a été multiplié par... 151, passant de 3.220 en 2019 à 488.035 aujourd’hui.
"Alors que les températures continuent d'augmenter, nous pourrions voir la maladie s’implanter dans des régions non endémiques, notamment le sud de l'Europe [...] Près de la moitié de la population mondiale pourrait aujourd’hui être à risque d'infection par la dengue", concluent les auteurs de l’étude, plaidant pour "une augmentation de la surveillance et du dépistage des maladies infectieuses".