En Europe, la consommation d’alcool annuelle par personne de plus de 15 ans est de 9,5 litres d'alcool. Toutefois, il s’agit d’une moyenne. Et, il y a des disparités importantes selon les pays, comme le révèle une étude publiée dans la revue Addiction le 24 juin 2024.
Les chercheurs qui ont étudié les habitudes de consommation d’alcool des Européens, sont parvenus à en identifier six.
Alcool : 6 modes de consommation identifiées en Europe
Les clusters mis en lumière lors de cette recherche ont peu évolué entre 2000 et 2019. En effet, au cours des deux dernières décennies, les deux tiers des pays sont restés dans leur groupe et “fidèles” à leur boisson préférée. Par ailleurs, l’analyse des données montre que ces blocs semblent en partie déterminés par la géographie. Dans le détail, l'équipe a distingué :
- Les pays buveurs de vin : sans grande surprise, ce bloc abrite la France, l’Italie, le Portugal et la Grèce... plus étonnant la Suède s’y trouve aussi. Ce groupe se caractérise par une consommation plus élevée de vin, et plus faible de bière ou de spiritueux. Par ailleurs, la consommation globale d’alcool y est la plus faible.
- Les pays consommant beaucoup de bière et peu de spiritueux : ce groupe compte l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, la Slovénie et l'Espagne. Sa consommation de bière est élevée tandis que celle de spiritueux est relativement faible. Ces populations ont aussi tendance à boire beaucoup et plus quand elles sont à l'étranger.
- Les pays à forte consommation de bière et de façon excessive : Croatie, République Tchèque, Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie. Ces nations boivent globalement plus que les autres. Leur boisson préférée est la bière, mais une forte prévalence de consommation excessive d’alcool épisodique y est aussi observée.
- Les pays buvant beaucoup de spiritueux : Il y a l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Ils se différencient des autres pays par une consommation très importante de spiritueux, mais également de bière. Ce qui se traduit par une haute consommation globale d'alcool. En revanche, les habitants boivent peu de vin, et rarement excessivement.
- Les pays où l’on consomme beaucoup de spiritueux, mais où les non-buveurs sont nombreux : Ukraine, Bulgarie et Chypre. Ce groupe se caractérise par la plus faible prévalence de buveurs (et la plus forte prévalence d’abstentionnistes à vie). Par contre, les personnes qui boivent, ont une consommation élevée et régulière de spiritueux.
- Les pays où les buveurs sont nombreux et adeptes du binge drinking : Les buveurs sont très nombreux en Finlande, Islande, Irlande, au Luxembourg et à Malte. La prévalence est particulièrement forte et, par ailleurs, leur consommation d’alcool est excessive selon les chercheurs.
Outre les clusters, les scientifiques ont pu confirmer l'association entre la boisson et les décès imputables à l'alcool ou encore ses dommages à la santé. En effet, les pays avec une forte consommation de spiritueux et/ou une forte prévalence de consommation excessive d'alcool - comme l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, l'Ukraine, la Bulgarie et Chypre - ont enregistré les taux de décès et les dommages pour la santé imputables à la boisson les plus élevés.
Alcool : mieux connaître les habitudes pour les changer
Pour les chercheurs, leurs travaux pourront aider les services publics et les institutions de santé à mettre en place des politiques et des mesures permettant de lutter contre les méfaits de l’alcool adaptées aux habitudes de chaque pays.
"Les habitudes de consommation d'alcool distinctes en Europe semblent profondément ancrées dans la culture et sont donc difficiles à changer. Étant donné que les habitudes de consommation d’alcool sont fortement associées à la charge de morbidité et à la mortalité, nous devons trouver des moyens de modifier les habitudes qui caractérisent les groupes où la charge imputable à l’alcool est la plus élevée. Des politiques en matière d'alcool pour ce changement sont disponibles et devraient être prises en compte par tous les pays européens, car le niveau global de consommation d'alcool est encore élevé dans cette région", commente le co-auteur le Dr Jürgen Rehm dans un communiqué.