- Une nouvelle étude met en évidence un lien entre la solitude et un risque accru d'AVC chez les plus de 50 ans.
- Le risque était encore plus important si le sentiment de solitude persistait depuis des années.
- Des évaluations répétées de la solitude peuvent aider à identifier les personnes qui se sentent seules et qui ont donc un risque plus important d'AVC.
"La solitude est de plus en plus considérée comme un problème majeur de santé publique. Nos résultats soulignent davantage pourquoi", met en garde Yenee Soh, chercheuse au Harvard T.H. Chan School of Public Health. Ces travaux, publiés dans la revue eClinicalMedicine le 24 juin 2024, montrent que la solitude chronique peut jouer un rôle important dans l’incidence des accidents vasculaires cérébraux chez les personnes âgées.
AVC : se sentir seul depuis des années augmente les risques
Pour cette recherche, l’équipe a repris les données 2006-2018 de l’étude Health and Retirement Study (HRS). Les participants – tous des adultes âgés de 50 ans et plus qui n’ont jamais eu d’accident vasculaire cérébral – ont répondu à des questions permettant d’évaluer leur solitude. Les volontaires qui ont participé au questionnaire au début des travaux puis 4 ans plus tard (soit entre 2010 et 2012), ont été placés dans l'un des quatre groupes en fonction de leurs scores de solitude au cours de ces deux évaluations : "constamment faible" (ceux qui ont obtenu un score faible sur l'échelle de solitude aux deux questionnaires) ; "en rémission" (ceux qui ont eu une note élevée au départ et faible lors du deuxième) ; "apparition récente" (ceux qui ont eu un score faible au départ et élevé ensuite) et "constamment élevé" (ceux qui ont obtenu une note élevée à la fois au départ et au suivi).
Par ailleurs, 1.237 accidents vasculaires cérébraux se sont produits entre 2006 et 2018 parmi les participants dont la solitude a été mesurée au départ uniquement. Les chercheurs ont aussi comptabilisé 601 AVC entre 2010 et 2018 au sein du groupe qui a répondu aux deux questionnaires.
L’analyse des données recueillies montre un lien entre la solitude et un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral, et il est encore plus fort lorsque les personnes se sentent seules depuis des années.
Lors de la première évaluation, les participants solitaires présentaient un risque d'accident vasculaire cérébral 25 % plus élevé que ceux qui n’étaient pas considérés comme seuls. Au sein du groupe "sentiment de solitude constamment élevé", le risque d'accident vasculaire cérébral était 56 % plus élevé par rapport aux personnes appartenant au groupe "solitude constamment faible.
"Alors que les analyses de base suggèrent que la solitude à un moment donné était associée à un risque plus élevé, ceux qui ont connu une solitude intermittente ou d'apparition récente n'ont pas montré de tendance claire de risque accru d'accident vasculaire cérébral. Ce qui suggère que l'impact de la solitude sur le risque d'accident vasculaire cérébral se produit à plus long terme", expliquent les auteurs dans leur communiqué.
Il faut repérer les solitaires pour prévenir l’AVC
Ces résultats conduisent les chercheurs à préconiser une évaluation régulière de la santé mentale des patients, notamment des seniors. "Des évaluations répétées de la solitude peuvent aider à identifier ceux qui souffrent de solitude chronique et qui courent donc un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral", estime Yenee Soh.
L’experte ajoute ensuite : "Si nous ne parvenons pas à répondre à leur sentiment de solitude, à une échelle micro et macro, les conséquences sur la santé pourraient être profondes. Il est important que ces interventions ciblent spécifiquement la solitude, qui est une perception subjective et ne doit pas être confondue avec l’isolement social."