- Les souvenirs sont un mélange de détails bel et bien "rappelés", remémorés avec précision, et d’informations dites "prototypes", c’est-à-dire des connaissances générales qui viennent combler les lacunes de la mémoire.
- Une nouvelle étude révèle que les gens sont tout à fait capables de faire la distinction entre les deux types de mémoire, de reconnaître les souvenirs génériques, "prototypiques". Nous sommes bel et bien conscients du moment où nous nous souvenons avec exactitude des événements et du moment où notre cerveau comble les trous avec des connaissances générales.
- Ces résultats pourraient avoir des "implications pour les témoignages de témoins oculaires dans les affaires judiciaires, où la confiance dans l'exactitude du souvenir est essentielle".
Pouvons-nous vraiment avoir confiance en nos souvenirs ? Ils sont un mélange de détails bel et bien "rappelés", remémorés avec précision, et d’informations dites "prototypes", c’est-à-dire des connaissances générales qui viennent combler les lacunes de la mémoire. "Nous nous appuyons sur nos souvenirs surtout lorsqu'il s'agit d'un événement unique, comme un dîner d'anniversaire. Mais les événements qui se produisent régulièrement, notre trajet jusqu’au travail par exemple, sont rationalisés par le cerveau pour ne conserver que les éléments uniques – certains travaux sur la route, peut-être, ou un accident évité de justesse. Le reste des détails est généré à partir de connaissances préexistantes", explique le Dr Ben Griffiths.
Lui et son équipe de recherche de l’Université de Birmingham, au Royaume-Uni, ont voulu savoir si nous étions capables de faire la distinction entre les deux types de mémoire, de reconnaître les souvenirs génériques, "prototypiques". Autrement dit, dans quelle mesure nous pouvions faire confiance à nos souvenirs.
Des tests pour évaluer le niveau de confiance dans nos souvenirs
Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Communications Psychology, les scientifiques ont recruté plus de 200 participants de 18 à 35 ans pour une série d’expériences. Les participants devaient d’abord observer des objets de différentes couleurs "non assorties" (une pomme bleue, par exemple) puis, après avoir effectué un exercice de mathématiques censé les distraire, ils devaient se souvenir de la couleur exacte et la reconnaître sur un nuancier. L’objectif, évaluer dans quelle mesure les volontaires étaient capables de se souvenir précisément de la nuance de couleur, et à quel point ils étaient confiants de l’exactitude de leur réponse ("certain", "incertain", "j’ai deviné").
Les chercheurs ont ensuite utilisé un algorithme d’apprentissage automatique pour identifier certains modèles dans les réponses, et ainsi "repérer les nuances 'prototypiques' que les gens avaient tendance à choisir lorsqu'ils n'étaient pas sûrs de leur souvenir exact de la couleur", peut-on lire dans un communiqué.
Nous savons distinguer les deux types de souvenirs
Résultat, il est apparu que la confiance des participants dans leurs choix de couleurs avait tendance à diminuer lorsque les couleurs étaient plus proches des nuances identifiées comme prototypiques par l'algorithme. "Cela suggère que nous sommes conscients du fait que les prototypes comblent les lacunes de nos souvenirs, et que nous pouvons en tenir compte lorsqu'on nous demande d'évaluer l'exactitude de notre mémoire", affirme l’équipe de recherche. En clair, nous sommes bel et bien conscients du moment où nous nous souvenons avec exactitude des événements et du moment où notre cerveau comble les trous avec des connaissances générales.
"Notre étude suggère que les gens sont en fait assez doués pour savoir quand leurs souvenirs sont fiables et quand ils sont influencés par des informations génériques", selon les auteurs, qui précisent que ces résultats pourraient avoir des "implications pour les témoignages de témoins oculaires dans les affaires judiciaires, où la confiance dans l'exactitude du souvenir est essentielle".