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Nutrition

Carence en iode : les Européens sont plus exposés en raison de l’évolution de leur alimentation

Par Sophie Raffin

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) met en garde les Européens contre un risque accru de carence en iode en raison de l’évolution des régimes alimentaires et l'engouement pour les laits végétaux.

Detry26/istock
L'iode est essentiel au bon fonctionnement de la thyroïde. Les produits laitiers, le poisson ou encore les algues, font partie des principales sources.
Un rapport de l'OMS note que la popularité des laits végétaux et autres substituts vegans à ces aliments contribue à réduire les apports quotidiens en iode en Europe.
L’OMS/Europe et le Réseau mondial de l’iode plaident ainsi pour l’enrichissement en iode du sel et des produits laitiers à base de plantes.

L’iode est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes ainsi qu'au développement cérébral du fœtus. Pour que cet oligo-élément joue son rôle correctement, il est recommandé d’en consommer 50 µg par jour avant un an, 90 µg entre un et six ans, 120 µg entre sept et douze ans, et 150 µg chez les adolescents et les adultes. Les femmes enceintes ou allaitantes ont besoin d’un apport plus important avec 200 µg d’iode par jour.

Généralement, une alimentation variée et équilibrée suffit amplement à couvrir ces besoins. Toutefois, l'engouement en Europe pour les laits végétaux et les aliments végans – qui viennent en remplacement du lait d'origine animal, de produits laitiers et du poisson, principales sources d’iode – inquiète l’OMS. L'organisme craint que ce changement de régime expose davantage les Européens à un risque de carence.

Baisse de la consommation de lait : un risque accru de carence en iode en Europe

Dans un rapport publié le 28 juin dernier, l’OMS et le Réseau mondial de l’iode notent que la consommation de produits laitiers d'origine animal est en baisse chez les adolescents et les adultes en Europe tandis que celle des substituts végétaux augmente.

"L’évolution vers la consommation de produits laitiers à base de plantes, en particulier chez les femmes, qui présentent déjà un risque plus élevé de carence en iode et de maladies thyroïdiennes que les hommes, est préoccupante pour leur apport en iode, surtout dans les pays qui dépendent du lait comme source d’iode, car la plupart des substituts végétaux n’en contiennent pas", explique le Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. "Ce rapport a été essentiel pour mettre en lumière un problème qui continue à exister ou qui réapparaît dans les pays de la Région."

Pour les experts, l’iodation du sel est le meilleur moyen pour assurer un apport suffisant en iode dans les pays ayant une faible consommation d’aliments iodés. Ce qui conduit l’OMS à pointer un autre problème : les aliments non préparés à domicile – comme le pain, les viandes transformées ou les plats cuisinés – constituent aujourd’hui les principales sources de sel dans le régime alimentaire occidental (70 à 80 % de l’apport total). Or, le sel iodé entre rarement dans leur composition.

"Des études de marché ont récemment révélé que seulement 9 % du sel contenu dans les produits alimentaires transformés en Allemagne et 34 % en Suisse étaient iodés. Dans 24 pays où l’iodation est facultative ou inexistante, les aliments de consommation courante sont souvent produits avec du sel non iodé", expliquent les auteurs du rapport dans un communiqué.

Carence en iode : il faudrait ioder le sel et les laits végétaux

En raison du rôle essentiel de l’iode dans la fabrication des hormones thyroïdiennes, une carence en cet oligo-élément peut entraîner une augmentation de volume de la thyroïde avec l’apparition d’un goitre. Les formes sévères aboutissent à une hypothyroïdie. Pour réduire ces risques, l’OMS/Europe et le Réseau mondial de l’iode demandent l’enrichissement en iode du sel et des produits laitiers à base de plantes.

"Les pays ont besoin de stratégies politiques plus souples pour protéger les populations de la carence en iode, notamment de politiques obligatoires pour l’utilisation de sel alimentaire iodé dans les aliments transformés et l’intégration des mesures de réduction du sel et d’iodation du sel", confirme le Dr Gauden Galea, conseiller stratégique du directeur régional à l’OMS/Europe, Initiative spéciale sur les maladies non transmissibles et l’innovation. "Compte tenu de l’évolution du contexte alimentaire, il est également nécessaire de veiller à l’enrichissement approprié en iode du lait et des produits laitiers de substitution."